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FRA ANGELICO Noli me tangere |
C’est
pourquoi j’ai aimé le livre qu’Emmanuel Carrère a consacré à « enquêter » sur les chrétiens des
premiers âges et l’apparition de cet étrange, sinon même insensé système de
croyances* qui, né dans cette lointaine partie de l’empire romain qu’était
autrefois la Judée, a fini par rayonner sur la plus grande partie du monde
donnant au passage naissance aux cathédrales, à la musique de Bach, à la
peinture de Rubens, du Caravage ou de Fra Angelico...
Principalement
centré sur la figure de Luc, ce grec judaïsé originaire de Macédoine qui fut
l’un des principaux compagnons de Paul et auteur comme on le sait de l’Evangile
qui porte son nom ainsi que des Actes des
Apôtres, le livre de Carrère qui considère en partie Luc comme un confrère
en écriture, nous aide à donner chairs et couleurs, un peu d’épaisseur humaine
encore, à ces figures que l’ignorance de leur histoire réelle et notre
soumission aux images fabriquées, ont laissé se figer en traits grossiers sur
les toiles de fond de nos imaginaires. Richement documenté en dépit bien
entendu du caractère limité des sources qui nous sont parvenues, l’ouvrage nous
aide également à comprendre un peu les circonstances concrètes et les divers
enjeux, psychologiques, sociaux, politiques, intellectuels, moraux et pourquoi
pas aussi littéraires qui ont conditionné les tout débuts du christianisme et
conduit à sa progressive rupture avec le judaïsme.