lundi 18 janvier 2021

POÉSIE/PARTAGES N°3. UN FIL DE VIVRE-ÉCRIRE PAR JAMES SACRÉ ACCOMPAGNÉ PAR JEREMY SOUDANT.

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 On ne présente plus James Sacré dont Jean-Claude Pinson dans le long article qu’il lui consacre dans le Dictionnaire de la Poésie de Baudelaire à nos jours, paru en 2001 au PUF, écrit que face au littéralisme dominant de son époque, son œuvre persiste à tenir pertinente « le lyrisme, la représentation et la narration » occupant ainsi « une position décalée dans le champ de la poésie française ». Depuis ce champ a beaucoup évolué et nombreux sont devenus les auteurs qui se sont reconnus et continuent de se reconnaître dans cette poésie singulière qui, écrit encore Pinson, « puisant dans les us et manières roturières de la langue et dans la non-finition du parler quotidien » pour mieux exprimer le désordre du monde, se situe aux antipodes aussi « des canons de la haute poésie du XXème siècle (celle d’un Saint-John Perse, d’un Char ou d’un Bonnefoy) ».

samedi 16 janvier 2021

POÉSIE DE LA NEIGE.


 

C'est un ancien évêque d’Upsala ( la plus vieille Université de Suède) Olaus Magnus, qui distingue dans le chapitre 22 du Livre 1 de son Histoire des peuples du Nord, paru en 1550, vingt formes différentes de flocons. Et c'est le mathématicien Johannes Kepler qui, dans un opuscule datant du premier janvier 1610, intitulé Strena Seu De Nive Sexangula, rend compte de sa découverte de la symétrie hexagonale des flocons de neige qu’il attribue à une faculté qui serait également présente dans l’eau à l’état liquide et gazeux.

Je me sers souvent dans mes interventions auprès des jeunes de ce court poème pour rendre manifeste la volonté contemporaine d'ouvrir la poésie aux formes les plus diverses et curieuses de la connaissance et de la libérer des pièges des représentations idéalisées de la réalité qu'évoquent par exemple les deux derniers vers de la première strophe.

mercredi 13 janvier 2021

SONNET D'HIVER


 

PICARDIE GRANDE ! À PROPOS D’UNE ŒUVRE NÉCESSAIRE DU POÈTE JACQUES DARRAS AUX EDITIONS DE LA LIBRAIRIE DU LABYRINTHE. AMIENS.

 

Une « vaste région tragiquement oublieuse d’elle-même », c’est en ces termes que le poète, essayiste et traducteur Jacques Darras, définit dans l’introduction de son ouvrage ce qu’il appelle la Grande Picardie dont il entreprend dans un grand geste d’érudition non dépourvu de portée politique de dresser le constat de son exceptionnel apport intellectuel, littéraire et poétique persuadé que face à la pauvreté d’esprit des décideurs qui ont choisi, lors de la fusion de la Picardie avec le Nord-Pas-de-Calais, d’en laisser filer la mémoire au profit de la triste appellation de Hauts-de-France, il était impératif de refonder d’abord en culture, la légitimité de cette ancienne et forte appellation.

mercredi 6 janvier 2021

ET PUIS PRENDRE L’AIR. AVEC LES PROSES PÉNÉTRANTES DU POÈTE ETIENNE FAURE.

Je ne le cache pas. Je ne suis pas de ceux qui placent au-dessus de tout l’audace, l’expérimentation, la recherche. Loin d’être un sectateur en art de la tabula rasa, j’apprécie les œuvres filiales qui savent ce qu’elles doivent à leurs aînées et les honorent[i]. Tout en sachant bien sûr faire entendre leurs dissonances. Manifester leur propre singularité.

Ne comptez donc pas sur moi pour écarter un livre de poèmes au prétexte qu’il est sorti chez Gallimard dont trop d’esprits jaloux affectent de dédaigner la production qu’ils jugent un peu rapidement académique, surannée, poussive.

 

Passer ainsi à côté du dernier livre d’Étienne Faure qui après un beau parcours, chez Champ Vallon vient de publier son second volume dans la célèbre collection blanche, serait une grave erreur. Une bêtise même. Tant ce livre a de quoi réjouir aussi bien ceux qui entendent que la poésie nous montre l’infinie diversité du monde que ceux qui attendent plutôt d’y trouver l’expression d’une personnalité singulière sans oublier bien sûr ceux pour qui la poésie, avant toute chose est affaire de formes et d’évènements bien sentis dans la langue.

 

lundi 14 décembre 2020

RECOMMANDATION DÉCOUVREURS. LES YEUX DE REMBRANDT DE SIMON SCHAMA.

Johannes Lingelbach, Le Dam avec son nouvel hôtel de ville en construction, 1656

Oui le livre est ancien mais en cette période de confinement qui rétrécit si fortement physiquement, socialement, humainement, notre univers, se replonger dans cette somme qui, pour éclairer en profondeur l'oeuvre de Rembrandt, nous restitue largement le monde dans lequel il aura vécu, celui des grands ports du Nord, des Flandres catholiques aux Provinces Unies calvinistes, a quelque chose de tellement vivifiant, stimulant, si fortement évocateur qu'on en oublierait presque que les évocations, les tableaux que multiplie Simon Schama dans ce chef d'œuvre, n'ont de consistance que dans notre imagination. Ce que rappelle quand même par exemple ces moments où, déambulant avec lui dans les rues d'Amsterdam, on finit, alerté par l'odeur, par suivre avec plaisir les lourds bateaux de nuit collectant d'une écluse à l'autre du Amstel ces provisions d'excréments qu'ils livreront avec profit le matin aux producteurs de fraises et de carottes de Bewerijk ou de Hoorn…

vendredi 11 décembre 2020

SOUVENIR. SOUVENIR. SE COLTINER. LA PEINTURE AU SECOURS DU VOCABULAIRE.

LOUIS CARRIER BELLEUSE, 1888, PETIT PALAIS

 

 Il n’obtint à ma connaissance que des médailles de troisième classe mais demeure connu pour avoir édifié au Costa Rica l’un des monuments apparemment les plus célèbres de cette jeune nation. J’ai pensé à son tableau quand je me suis vu dans la nécessité d’expliquer l’expression « se coltiner » à quelque jeune esprit plus versé dans l’abondant franglais qui nous submerge que dans la mémoire des tournures anciennes.

Le coltin est précisément ce large chapeau des portefaix des Halles qu’on voit sur la tête ou à la main de ces hommes en train de livrer de gros sacs de farine à la boulangerie dont le nom apparaît au-dessus de la charrette arrêtée à sa porte. Le fameux coltin qui reprend le nom de la pièce d’armure qui autrefois protégeait l’épaule et le cou des gens de guerre continue ici à remplir cette fonction.

On voit que se coltiner implique toujours quelque fardeau. Et nécessite outre un certain courage d’être un peu protégé.

Personnellement j’aime assez ces images anciennes qui témoignent de façon précise de la vie des hommes d’avant le télétravail et les vacances au ski.

Et puis m’amuse un peu de savoir au spectacle d'un tel tableau que celui qui le peignit, entré dès l’âge de 13 ans dans l’atelier d’un bronzier suivit, à l’École des beaux-arts de Paris, les cours d’un certain Gustave Boulanger !