Il y
a quelques années j’ai accepté à la demande de l’Association Ça-et-Là de tenir, dans le cadre de son Festival Sainte-Beuve (BSB), le rôle de
Victor Hugo dans la reconstitution publique - qui devait être improvisée – d’une
séance du Cénacle sensée se tenir entre lui, Victor Pavie et Sainte-Beuve à la
fin des années 1820.
Cette
manifestation se déroulant à Boulogne-sur-Mer, ville natale de Sainte-Beuve devait
bien entendu servir les intérêts de notre grand critique national. Relisant
dernièrement l’entretien que j’avais à l’époque rédigé pour les organisateurs
en témoignage de cette manifestation, il m’a semblé qu’il pouvait toujours
intéresser les lecteurs de ce blog par ce qu’il dit par exemple de l’engagement
des poètes et de leur manière d’occuper le champ de la création.
BSB : Georges
Guillain, vous avez tenu le rôle de Victor Hugo lors de la soirée inaugurale
des Journées de la critique où était évoquée l’atmosphère du fameux
Cénacle qui réunissait chez Hugo les poètes romantiques de la fin des années
1820. Qu’avez-vous pensé de cette expérience ?
G.G. : Intéressante.
Mais c’est trop dire que j’ai tenu ce rôle. En fait j’ai un peu l’impression
d’être tombé dans un double traquenard. Comédien d’un soir, je devais
improviser face à de véritables comédiens qui eux venaient lire leur texte. Non
spécialiste de Hugo, je devais réagir comme si j’étais lui. Au début je me suis
senti un peu mal en me demandant comment j’allais m’en sortir et effectivement
j’ai commencé à parler à la troisième personne, un peu comme si je faisais
cours. Mais j’ai écouté mes voix intérieures ( !) qui
m’ont conseillé de me lâcher et alors j’ai vraiment commencé à m’amuser comme
un fou car j’ai pris conscience aussi qu’en en en faisant parfois des tonnes je
correspondais assez bien à l’image que la manifestation voulait donner de mon
personnage : le méchant Hugo tout gonflé de lui-même et de son génie face
à un Sainte-Beuve chlorotique certes mais infiniment lucide. La pauvre petite
fleur des champs. Le garçon réfléchi et modeste.
BSB : C’est
comme ça vous voyez ces deux auteurs ?
G.G. : Non.
BSB : Vous
pouvez en dire plus ?
G.G. : Oui.
BSB : Mais
encore.