Pour compléter notre tout récent Cahier de
Poésie en Partages consacré à James Sacré, je vous propose de découvrir un
texte extrait d’un de ses livres que je préfère, America solitudes, paru
chez André Dimanche il y a maintenant un peu plus de 10 ans. Tous les textes
dans ce gros livre qui se présente comme une sorte de road movie
poétique à travers l’Amérique des États-Unis, sont intéressants. J’en ai choisi
un évoquant avec humour l’un de ces objets qui nous est aujourd’hui devenu de
plus en plus indispensable, notamment au cours de nos voyages : l’appareil
photo. Dont on voit, quand on est par exemple un habitué de Facebook, que les
productions sont infiniment plus populaires que les meilleurs poèmes. On y
retrouvera facilement le rapport complexe que James Sacré entretient avec ce
grand réel qui nous déborde ainsi qu’avec le temps qui n’en est finalement qu’une
composante particulière.
Enfin j’aimerais adjoindre à ce moment Sacré, cette
belle réflexion du philosophe Paul Audi sur ce qu’on appelle en art comme en
poésie « l’expression » : « Exprimer quelque
chose veut d’abord dire (ce « d’abord » est ici essentiel) s’exprimer
soi-même et s’exprimer soi-même, manifester un pathos. Quel pathos ? Celui
de la vie venant en soi au gré de son auto-affection incessante, mais qui ne
souffrirait plus de se souffrir soi-même ». Créer, Paul Audi, éditions Verdier, 2010,
page 356, dans le chapitre intitulé Prendre la parole.
N.B. La photo de James Sacré est de Jean-Louis Estèves.