vendredi 2 septembre 2022

NOUVEL OVNI LITTÉRAIRE CHEZ LURLURE : LE CHÂTEAU QUI FLOTTAIT DE LAURENT ALBARRACIN.

 

« Mince il en faut de la chance et des coups de bol

Quand on va dans le poème et dans l’hyperbole

L’aventure réside à tous les coins des mots.

On ne sait jamais tout à fait dans quels rameaux

S’embranchera la phrase qu’on a commencée. »

 

Laurent Albarracin, Le Château qui flottait

 

Certes. Entreprendre aujourd’hui de raconter à la manière ultra-parodique d’un roman de chevalerie, en alexandrins de préférence non classiques[1] mais richement rimés, la geste héroï-comique d’un groupe de poètes contemporains, partis à l’assaut d’un mystérieux château se métamorphosant finalement en inépuisable fontaine, tient en partie de la farce potache. D’autant que l’auteur n’hésite pas et dès le premier vers à indiquer les noms de ses compagnons d’aventure, le poète picard Ch’Vavar, ses acolytes de la revue Catastrophes, Pierre Vinclair et Guillaume Condello (ici Don Cello), puis un certain nombre d’autres, dont le nom parlera ou pas au lecteur en fonction bien sûr de la connaissance qu’il a de ce petit milieu.

mercredi 31 août 2022

LANCER DANS VOTRE ÉTABLISSEMENT LE NOUVEAU PRIX DES DÉCOUVREURS.

 

Demain septembre. C’est bien entendu le moment de lancer ou relancer les projets artistiques et culturels qui feront entrer dans les écoles des formes d’intelligence et d’ouverture au monde différentes de celles que par eux-mêmes les fameux programmes suscitent.

Bon courage à tous mes amis professeurs, qu’ils soient de lettres ou de français ou bien documentalistes. Ainsi qu’aux personnels de direction qui les soutiennent dans leurs désirs d’éveil et de rencontres.

A tous je redonne ici en lien avec la belle photographie d’un jeune que j’ai eu le plaisir il y a quelques années de découvrir dans ses œuvres et qui doit être aujourd’hui en train de terminer des études que j’espère brillantes, les divers Cahiers d’accompagnement des dernières sélections du Prix des Découvreurs. Et bien entendu celle de l’année qui commence. Elle est riche. Diverse. Passionnante. Éveillera bien des curiosités. Toutes les indications concernant la participation – très libre – sont présentées dans la brochure de présentation qui accompagne la sélection 2022-2023. Oui c’est de la poésie contemporaine. Mais vous verrez c’est curieux comme ça ne ressemble pas aux clichés qu’on en donne. Ça fait envie vraiment.

Un conseil alors : ne résistez pas à la tentation.

mardi 30 août 2022

À PROPOS DU NUMÉRO D’ÉTÉ DE LA REVUE CONTRE-ALLLÉES.

Une poésie immédiatement accessible où quand même il est question par exemple de l’invention de l’art de la mémoire par le poète grec Simonide, du célèbre tableau de Degas intitulé l’Absinthe, de la course remportée par Orhippos ou Orsippos de Mégare premier athlète à avoir couru nu à Olympie suite à un accident de pagne… c’est ce que nous propose Eric Sarner dans le dernier numéro de la revue Contre-Allées dont il est l’invité d’honneur. Pour Sarner dont je me souviens avoir sélectionné son recueil Sugar, pour les Découvreurs, bien avant qu’il ne figure dans le Poésie/ Gallimard qui lui est consacré depuis 2021, il importe que le poème, outre l’expression qu’il est d’une impulsion intérieure échappant en partie aux déterminations conscientes, fournisse aussi à qui le lira « des informations, qu’elles soient linguistiques ou historiques ou qu’elles relèvent de la symbolique ». C’est une dimension possible de la poésie qui me semble trop souvent occultée. Que j’ai donc plaisir à souligner ici en la rapprochant des démarches que j’ai souvent saluées d’auteurs comme Jacques Darras ou Pierre Vinclair. La poésie ne perd rien me semble-t-il à s’élancer de conserve avec la connaissance.

dimanche 28 août 2022

HABITER MARS.

Terminé ce matin la lecture du gros roman de Kim Stanley Robinson, Mars la rouge (1992) qu’une critique du roman de Richard Powers Sidérations m’a conduit à découvrir. C’est de la Science-fiction dure. Avec plus de science que de fiction, encore que. Et c’est justement ce qui en fait le prix. Car si de nombreux passages sur la chimie, la géologie, la cosmologie etc… de la planète rouge me sont largement passées au-dessus de la tête, j’aime cette façon qu’a le romancier de nous montrer qu’habiter est bien autre chose que photographier du regard la plage, le coin de parquet et la table avec son verre de Spritz à quoi semble se résumer la vie de certains quand ils croient nous parler du monde. Habiter, avec K.S. Robinson, c’est pénétrer chaque recoin de la croûte martienne, s’imaginer toutes les forces qui s’agitent sous elle, toutes celles qui aussi dans l’espace interagissent avec. Sans oublier les hommes bien entendu. Dont les technologies font autant de merveilles qu’ils provoquent de catastrophes. Mars la rouge en fait est un livre politique témoignant de la violence des conflits qui opposent les divers intérêts qui meuvent l’humanité. Livre qui fait aussi la part belle à la poésie des lieux. La parfois terrible poésie des lieux quand les forces primaires de la nature, conjuguées à celles des hommes, redessinent les paysages à la lumière d’un soleil reculé pénétrant avec des couleurs nouvelles les nuages de poussières entrainés par des vents dont nous n’avons pas idée. Ce livre est donc aussi celui d’un peintre. Un artiste et penseur complet. J’avoue être sidéré face à une telle puissance romanesque. Je laisserai passer quelques jours avant de me lancer dans le second volume, Mars la verte, de cette trilogie. Où je crois savoir qu’il sera question surtout de botanique et de biologie. Ce qui n’est pas pour me déplaire.

samedi 27 août 2022

22 MOUVEMENTS / MN. OXYGÈNE DE LA POÉSIE.

22 par minute, c'est le nombre de mouvements d'inspiration/expiration que nous effectuons normalement au repos. Ce chiffre rythme sans que nous en ayons conscience cet échange incessant que notre corps entretient avec le milieu plus ou moins respirable qui l'entoure.

C’est sous le signe de ce commerce vital que j’ai placé ce petit livre de 2015, composé, comme je l’indique dans mon Avant-propos, d'un montage de réflexions que ma condition de poète mais aussi de passeur de poésie m'a conduit à noter depuis une bonne trentaine d'années. Les plus anciennes remontant à l'époque où j'ai commencé à prendre l'habitude de tenir un journal de bord. Dans le foisonnant paysage de phrases ainsi accumulées, qui visaient à me rendre l'activité d'écrire, mais aussi de lire, si possible plus claires, j'ai isolé une suite de passages qui dessinent maintenant pour moi comme autant de bassins à l'intérieur d'un jardin. De préférence à la française ! Par-là, je me suis donné l'illusion de retenir intellectuellement un peu du mystère de ce travail qui m'aura si souvent occupé. Me détournant de tant de choses qui paraissent pourtant aux yeux du monde beaucoup plus désirables.  

Bien qu’il existe toujours à l’état de livre physique, je donne aujourd’hui à lire cet ouvrage dans sa version dématérialisée. N’espérant plus que les exemplaires qui restent à dormir dans leurs cartons fassent demain l’objet d’une universelle demande. Et toujours plus conscient que si la forme des bassins est plus belle quand elle est pure, elle ne dit toujours rien de l’eau qu’elle prétend retenir. Surtout pas tout entière.

Découvrir l'ouvrage et le télécharger en cliquant sur l'image ci-dessus ou le feuilleter ici sur Calameo.


 

lundi 22 août 2022

MARCHER ! EN COMPAGNIE DE QUELQUES PHOTOGRAPHIES DE FRANÇOIS COUDRAY.

Il fut un temps, pas si lointain, où je marchais encore, en montagnes. Les belles photographies de François Coudray qui est aussi poète, me le rappellent. Même si les Alpes qu’elles nous montrent ne sont pas les Pyrénées qui m’ont quant à moi inspiré. La marche en montagne même à l’échelle modeste (très) où je l’aurais pratiquée est une leçon de vie. Inutile de revenir ici sur ce que tant d’autres plus avancés que moi dans cet usage qu’ils font d’eux-mêmes et du monde, ont ausculté à l’envie. Les courts textes d’ailleurs que j’ai éprouvé le besoin de mettre en relation avec les images de François, s’ils ont quelque valeur, en feront j’espère sentir bien plus que les bavardes considérations que je pourrais à leur suite produire. 

mardi 9 août 2022

À PROPOS DE PUBLIER. UN RAYON DE SOLEIL SUR DES MOTS BIEN VIVANTS.

En lien avec les Disputaisons impulsées par Jean-Pascal Dubost sur POEZIBAO, autour des raisons qui poussent les poètes à publier, on a envie de dire quand même ou malgré tout, j’aimerais partager ici la fin d’un roman presque totalement inconnu que le poète et professeur de philosophie, Alexandre Billon m’a incité dernièrement à lire par le biais d’une publication FB. Stoner, de John E. Williams, auteur américain mort dans les années 90 raconte l’existence d’un fils de paysan pauvre qui à l’Université où son père fait le sacrifice de l’envoyer pour suivre des études d’agronomie, découvre à la manière d’une illumination l’importance de la littérature et devient professeur. Mariage raté avec une épouse d’un milieu supérieur qui fera tout aussi pour lui ôter son lien privilégié avec sa fille unique, carrière universitaire bridée par l’hostilité d’un de ses collègues devenu son supérieur, découverte de l’amour partagé brisé par les conventions, tout fait apparemment de cette vie, une vie profondément ratée, n’était l’extraordinaire façon qu’a le personnage de résister de l’intérieur à tout ce qui devrait le broyer. Je reviendrai peut-être là-dessus qui dit quelque chose aussi de la rigueur qu’il est parfois beau de s’imposer à soi-même, du stoïcisme qui n’est pas toujours la manière la pire d’affronter le mal qui partout rôde autour de soi. Bref un très beau livre. Qui en dit aussi énormément sur le caractère trompeur des apparences. Sans oublier bien sûr la grandeur de la littérature. Et la noblesse de l’enseignement. Enfin, tel qu’il est envisagé, parfois.

samedi 6 août 2022

AUTOUR DE JACQUES DARRAS. UN NUMÉRO SPÉCIAL DE LA REVUE INTUITIONS.

Heureux de pouvoir prendre aujourd’hui le temps de lire ce numéro spécial de la revue Intuitions mettant à l’honneur mon ami Jacques Darras. Avec des inédits, quelques courtes études et une petite compagnie de poètes parmi lesquels je suis heureux aussi de retrouver Amandine Marembert qui livre d’ailleurs ici, avec l’émerveillée en même temps que discrètement douloureuse sensibilité qu’on lui connaît, une suite bucolique et jardinière dont je retiens précisément cette phrase qui consonne tellement avec le livre de Powers Sidérations dont je viens de parler sur mon blog que je ne peux m’empêcher de la reproduire ici : « il nous faudrait écouter le monde/ avec des oreilles d’ours ». L’oreille d’ours étant en l'occurrence l’autre nom – faisant heureusement lien avec le monde animal - de l’épiaire de Byzance, plante singulière par la douceur de ses feuilles.

Au sommaire de ce numéro dû aux bons soins d’Éric Sivry, directeur et fondateur de la revue et de la présidente du comité de lecture Sylvie Biriouk, on trouvera, outre bien entendu les textes de Jacques, d’Amandine dont je viens de parler et de moi-même, ceux de Murielle Compère Demarcy, d’Isabelle Sancy, de Jean-Luc Escoubas et d’Eric Sivry lui-même qui sont pour moi de belles découvertes.

jeudi 4 août 2022

POUR SALUER SIDÉRATIONS, LE DERNIER ROMAN DE RICHARD POWERS CHEZ ACTES SUD.

Après avoir accompagné, il y a deux ans, mon été provençal, par la lecture de l’Arbre-Monde, j’ai pu, cette fois dans une autre campagne, me plonger dans le dernier livre de Richard Powers, Sidérations, paru chez Actes Sud, livre tout autant concerné que le précédent « par la question de savoir comment retourner à la terre et comment nous réhabiliter vis-à-vis de la communauté plus qu'humaine ».

Un important entretien accordé par l’auteur à Stéphane Duchêne dans le cadre d’une rencontre organisée à la Villa Gillet deLyon, me dispense de présenter à mon tour ce livre dont beaucoup déjà ont parlé dans les tous les media possibles. Il me suffira de dire que j’ai tant corné de pages au cours de ma lecture que cette opération qui visait à me permettre de revenir aux éléments pour moi les plus importants et nécessaires du livre en vue d’un commentaire sur ce blog, en est devenue ridicule, revenant à me faire relire l’ouvrage dans sa quasi-totalité. Mais l’important dans un livre n’est-il pas ce qu’il vous fait plutôt que la façon dont il est fait qui n’est une question après tout que pour les professeurs. Ou les professionnels de l’écriture.