lundi 23 mai 2022

PENSÉE UN PEU TRISTE DU JOUR.

 

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Il est souvent pénible pour un auteur de se résigner à voir un ouvrage qui lui semble mériter meilleur sort tomber dans la cruelle indifférence à laquelle pourtant sont promises la plus grande partie des productions du temps. J’étais bien heureux, au moment de sa sortie, de découvrir les beaux papiers, consacrés par des plumes attentives à Parmi tout ce qui renverse, livre paru au Castor Astral qui venait pour moi mettre un terme à cet ensemble commencé avec Compris dans le paysage, publié chez Potentille et prolongé par Avec la terre au bout, à l’Atelier la Feugraie. Depuis, force est de constater que ces livres à l’exception du premier que je présente parfois dans des classes, n’ont d’autre vie, à l’extérieur de moi, que celle obscure qu’ils entretiennent au fond de leurs cartons. Certes, j’ai plus d’une fois affirmé, avec quelque raison, qu’on écrivait d’abord pour soi. Et plus précisément cet autre en soi que l’écriture permet, à certaines conditions, bien sûr, de faire advenir.  Mais la dimension sociale ne peut être complètement mise entre parenthèses. Nous sommes aussi des êtres sociaux dont l’effort pour exister n'est pas fait que de concurrence. Lui qui permet à son meilleur d’épauler l’effort de chacun. Qui sait y puiser alors l’élan dont il a besoin.

vendredi 20 mai 2022

AFFRONTER L’INDIFFÉRENCE. 2.

George Ault, La Lune, détail, 1945

 « Le domaine des actions humaines m’est souvent apparu comme une place éclairée aux flambeaux, dans une nuit énorme ; dans une plaine infinie, une nuit éternelle.

Autour de toi, autour de la lumière que tu crées, la nuit trace son cercle. Ses cercles, aux dimensions toujours plus formidables ; elle s’étend jusqu’à l’infini. Tu dois sans cesse modifier la limite de ces domaines circulaires, en soustraire une partie à l’obscurité. Certes la nuit n’en sera pas réduite, elle ne fera que reculer ; mais ta vie va gagner en signification. »[i]

BIENTÔT DONC À BOULOGNE-SUR-MER !

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mercredi 18 mai 2022

ANTHOLOGIE DÉCOUVREURS. CAMÉLIAS.


 Il me peine ces derniers jours d'assister à la défloraison des camélias qui depuis des semaines éclairent le fond de mon jardin de ville. Toutes les roses, que le grand soleil de mai, fait maintenant s'ouvrir pour leur succéder, ne me les font pas oublier. Pas plus que je n'oublie ce texte qui continue de me parler.

Photos : fleurs de camélias de mon jardin.

mardi 17 mai 2022

AFFRONTER L’INDIFFÉRENCE.

Pris comme je suis par les Découvreurs, je ne voudrais pas oublier que je fus aussi et le reste encore un peu parfois, poète. Qui veut dire que je mis de la parole en voix, la passai dans la langue, cette belle langue commune qui ne permet pas seulement que le partage. Confère aussi rayonnement. Puissance. Rendant la parole élargie. Profonde. De tous ces siècles qui l’auront vu se nouer aux vies qui nous ont précédés.

Alors je sais et le lis presque chaque jour sur ces réseaux devenus les confidents de nos fragiles existences, que si nos œuvres souvent largement nous dépassent, elles tombent le plus souvent dans la plus vaste indifférence. Ne brillent ou ne s’éclairent dans le monde qu’un très court et pour nous bien trop court, instant. Quand on sait  que le temps seul et ses durées leur donnent l’occasion de pouvoir y déployer ce que j’ai pu appeler leur fossile rayonnement.

Face à l’indifférence, peu de choses possibles. Si ce n’est de se construire patiemment une position qui oblige le grand nombre à vous accorder un semblant d’attention. Occupation qui n’effraie pas les gens dont la vanité sociale excède largement le talent. Pour les autres peut-être leur faut-il se persuader qu’en matière d’œuvre, d’œuvre artistique, bien entendu, compte essentiellement ce travail qu’elle permet sur soi. Le monde aussi, qu’elle redonne à voir, à sentir, à penser, à porter, plus pleinement. Et, me semble-t-il, avec un surcroît de force.

lundi 16 mai 2022

SÉLECTION 2022 -2023 DU PRIX DES DÉCOUVREURS !


 Foin pour cette fois de commentaire. Si quand même : si rien ne vient encore se mettre en travers de notre opération, nous aurons le plaisir en mai 2023 de remettre à l'un des ouvrages indiqués ci-dessus, le 25ème Prix des Découvreurs. Nous comptons sur tous pour que cette édition particulière compte parmi nos plus belles !

jeudi 12 mai 2022

PRIX DES DÉCOUVREURS. CE QUI IMPORTE VRAIMENT !

Les retours que certains établissements, nous adressent, au sujet de la participation de leurs élèves au Prix des Découvreurs, font toujours bien plaisir à recevoir. Surtout ils nous confortent dans l’idée que plus que la désignation d’un ou d’une lauréate, importe d’avoir, à partir de nos propositions, su entraîner des jeunes à s’emparer des outils du langage comme de ceux de l’image et de la musique, bref de divers champs de la création, pour les autoriser à mettre à leur tour en forme, leur toute neuve ce qui ne veut pas dire vide ou insignifiante, expérience de la vie.

Je ne peux citer tous les messages récemment reçus. Ni publier ici l’ensemble des travaux qui m’ont été montrés comme les caviardages par exemple réalisés par ces collégiens de troisième de l’Académie de Rennes qui m’ont bien impressionné. De toute cette production, je me contenterai de donner un seul exemple, emprunté aux élèves d’un lycée que je connais bien pour y être à plusieurs reprises intervenu. Avec toujours le même bonheur.

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Les élèves de secondes de Fanny Cambron-Huvelle (lycée Arthur Rimbaud de Sin le Noble) ont cherché à se rapprocher de leur propre vie à partir de quelques voies ouvertes par la lecture de certains textes de Milène Tournier, tirés de L’Autre jour, publié l’an passé chez Lurlure. On y voit notamment comment ces textes d’un jeune auteur contemporain autorisent mieux que tout autre qui serait issu d’un passé plus lointain à dire avec les mots d’aujourd’hui ce qui reste vécu dans le monde présent. On y sent comme la poésie d’aujourd’hui, dans cette perspective, peut agir comme une sorte de réactivation de cette parole sensible et créative que certains voulaient croire déjà, chez nos jeunes, perdue. Le poète et philosophe Jean-Claude Pinson dans les divers ouvrages qui ont suivi Habiter en poète, a largement théorisé la notion de « poétariat » dans laquelle il voit la force seule capable de faire un jour échec au règne de l’Homo œconomicus qui précipite actuellement le monde vers sa perte. Que chacun devienne, à travers l’éducation qu’il reçoit et la manière dont il cherche alors à s’instituer en Sujet de sa propre vie, l’artiste de son existence.

« Si l’on veut bien être attentif à ce que Deleuze appelait « le devenir révolutionnaire des gens », on verra » écrit Jean-Claude Pinson, dans un fort article qu’on pourra lire en accès libre ici, « que ce devenir artiste est aujourd’hui, aussi virtuel et minoritaire qu’il soit encore, un devenir général. C’est la force des mœurs des temps démocratiques que de placer chacun devant le dilemme de se faire « le poète de sa propre existence » ou bien de n’être qu’un mort-vivant parmi d’autres. Et quand il s’agit d’exister comme individu, chacun est enclin à exercer sa « raison artistique », à se conduire (sinon se considérer) comme un artiste (et d’abord de sa propre vie). Chacun du moins s’efforce de se ménager un atelier (ou chambre à soi, ou cabane) où il pourra « perruquer », exercer cette « créativité dispersée, tactique et bricoleuse » dont parle Michel de Certeau (tel aujourd’hui s’essaiera à la sculpture ; tel autre bricolera sa house music ; tel autre mettra en page son blog…). »

Car il ne s’agit plus de déplorer, comme on le fait, à longueur de temps, le peu d’intérêt que, sur le plan de la réception, suscitent en général les œuvres de l’esprit. Ce qui compte est de voir qu’au plan de la production, le désir de création va se généralisant.

C’est, en ce qui nous concerne, notre fierté, que de proposer depuis plus d’un quart de siècle, à tous ceux qui nous font confiance, des voies, à chaque fois singulières, pour accompagner ce désir, en le rendant plus conscient. Peut-être aussi plus puissant.

 

samedi 7 mai 2022

ADA MONDÈS. 24ème PRIX DES DÉCOUVREURS DE LA VILLE DE BOULOGNE-SUR-MER POUR PAYSAGES CUBAINS AVEC PLUIE AUX ÉDITIONS DU PETIT VÉHICULE.

Ada Mondès au Channel de Calais avec les élèves du Lycée Berthelot.

Heureux aujourd’hui, à l’issue d’une semaine on ne peut plus chargée, d’annoncer officiellement l’attribution du 24ème Prix des Découvreurs de poésie de la Ville de Boulogne-sur-Mer – c’est son exact intitulé – à la jeune poète Ada Mondès, pour son livre, Paysages cubains avec pluie, publié par les éditions du Petit Véhicule. Nous nous réjouissons à cette occasion de voir un ouvrage bilingue – espagnol / français – couronné par cette majorité de jeunes lecteurs et lectrices qui dans les collèges et lycées ayant participé à l’opération, l’auront découvert et apprécié. Surtout quand nous constatons qu’à côté de ce livre celui de la grande poète américaine Sharon Olds, dans une traduction remarquable de Guillaume Condello, a réuni sur lui une part presqu’aussi importante de suffrages qui le placent en seconde position. Honneur donc, cette année, aux femmes et aux langues, dans notre palmarès qui retiendra aussi la belle troisième place d’un poète discret, Sébastien Ménard que nous sommes également heureux d’avoir fait découvrir.

vendredi 29 avril 2022

ANTHOLOGIE DÉCOUVREURS. BROUETTES DE JAMES SACRÉ. OBSIDIANE.

 

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« Forcément qu’un livre est trace de par où est passé moins ton pied que ta pensée ou l’incertitude inquiète et désireuse de ta rêverie. Aucun lecteur pourtant, ni même toi quand tu relis, ne sera le fin chasseur qui saurait lire d’emblée quel corps et quel esprit vivants ont laissé des marques dans ces fragiles bouts d’écriture que la pluie du temps bientôt défait. »

James Sacré, Figures de solitudes, Tarabuste, 2018

 Comme l’écrit avec sa coutumière justesse Jacques Josse, « où qu’il se trouve, James Sacré aime se saisir, dès qu’il en a l’occasion, d’une image brève et animée qui ne semble là que pour s’offrir à son regard.

jeudi 28 avril 2022

ANTHOLOGIE DÉCOUVREURS. ARIANE DREYFUS.

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 De son ouvrage, Les Miettes de décembre, paru en 1997, Benoît Broyart dans Le Matricule des anges écrit ceci : "Les Miettes de décembre pourrait être un roman. On suivrait le parcours de Catherine, la fille, de sa naissance à l’âge adulte, à travers les yeux d’Émilie, la mère. Mais Ariane Dreyfus, née en 1958, dont c’est le troisième ouvrage, déchire la narration, transformant le roman potentiel en une suite de petits éclats, proches du poème. Le texte est en miette et le silence, entre chaque bribe, installe la distance nécessaire. Le poète garde juste ce qu’il faut".

Un tel sentiment de vie dans ces vers. Une vie tellement ouverte. A en devenir si profondément vulnérable. 

Cette édition reprend 4 titres importants de l'auteur, L'Amour, Les Miettes de Décembre, La Durée des plantes, La Bouche de quelqu'un, parus respectivement en 1993, 1997, 1998 et 2003 chez divers éditeurs.