mardi 4 mai 2021

POÉSIE/PARTAGES N° 7. POÈMES CHOISIS DE THIERRY METZ ACCOMPAGNÉS DE PHOTOGRAPHIES D’ODILE ROBINOT.

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Oui, j’ai découvert les photographies d’Odile Robinot sur Facebook. Qui n’est pas que le simple déversoir des frustrations narcissiques qu’on connaît. Et se prête heureusement aussi à d’autres types nourrissants de rencontres. Mais comme rien ne me semble pire aujourd’hui que de s’installer à demeure dans le pur virtuel, de ne tisser de liens qu’abstraits, théoriques, immatériels, quand il m’a fallu songer à trouver un artiste pour accompagner de ses images le Cahier que j’envisageais de consacrer à l’un de ces poètes[1] que je propose régulièrement à l’attention de ceux qui veulent bien me faire un peu confiance, j’ai pensé à cette Odile Robinot qui me semblait avoir la forme de sensibilité qui me paraît nécessaire à la réalisation d’un travail de ce genre. Au téléphone nous avons donc parlé. Nous sommes découverts des points communs. Géographiques, poétiques ainsi que des affinités de caractère. Et c’est ainsi qu’échangeant, pour le pur plaisir d’échanger et d’apprendre à se connaître et sans que je me souvienne du cheminement qui a pu y conduire, je me suis retrouvé à lui proposer de me faire parvenir la matière d’un Cahier consacré à un poète auquel je n’avais pas pensé mais dont je sais à quel point certains de mes amis le vénèrent.

Aujourd’hui donc, j’ai le plaisir d’inviter tous ceux qui s’intéressent à ce blog à découvrir ce nouveau Cahier numérique de Poésie en Partages consacré à Thierry Metz ainsi qu’au travail photographique d’Odile Robinot qui l’accompagne. Odile Robinot pour qui la poésie constitue depuis longtemps un espace privilégié de relation au monde qui l’entoure a effectué la sélection des textes qu’elle a choisi de faire résonner avec ses propres photographies. Ce n’est pas à moi naturellement de juger ici du résultat de ce travail mais je suis sûr qu’il saura toucher la plupart de ceux qui auront la curiosité de s’y pencher. Comme je suis sûr que seront nombreux ceux qui auront plaisir à constater que la voix de ce beau poète que fut Thierry Metz, bien au-delà de sa disparition, continue de se faire entendre. Et d’être partagée.  

LIRE LE CAHIER AVEC CALAMEO

[1] En l’occurrence il s’agissait de Camille Loivier dont on découvrira bientôt le Cahier que nous lui consacrons, acompagné lui aussi des photos d’Odile Robinot.

 

lundi 3 mai 2021

ÉCRIRE SUR LES BORDS. OURLETS II DE CLARA REGY AUX ÉDITIONS LANSKINE.

J’étais passé, quand il est paru en 2019, à côté de ce petit livre d’une cinquantaine de pages que son auteur, Clara Regy, vient de m’adresser. Ourlet II qui fait suite à un livret d’une quinzaine de textes publiés par la Porte, est un ouvrage touchant. Profondément filial, il a le mérite parmi la somme des publications qui aujourd’hui exploitent le filon des relations intra-familiales, de sonner juste et d’évoquer avec retenue et simplicité cette relation père/fille, passé/présent, intériorité/extériorité, que les mots quels qu’ils soient, peineront toujours à circonscrire.

 Le titre de prime abord un peu mystérieux, Ourlet, donne finalement la clé de ce travail délicat qui aura consisté pour l’auteur non pas à tenter de dresser un portrait en habits du père mais à en replier les bords de manière à empêcher, au moins pour elle, que son existence ne s’effiloche et à coudre ces bords – les mots repris d’un carnet - en leur ajoutant pour les renforcer la bande rapportée de ses mots propres.

vendredi 30 avril 2021

UN ART POÉTIQUE EN FORME DE VÉLO DÉGLINGUÉ ? SUR LE DERNIER LIVRE DE FANNY CHIARELLO AUX ÉDITIONS DE L’ATTENTE.

Oui, comme une sorte d’épopée travestie, hésitant entre genres sérieux, burlesque et héroï-comique, cette Geste permanente de Gentil-cœur par laquelle Fanny Chiarello nous conte en lignes – difficile ici de parler de vers - de onze pieds de long, son désir un peu fou de recroiser le chemin d’une joggeuse de 17 ans aperçue dans un parc un rien chagrin de l’ancienne commune minière de Sallaumines, entre rocade d’autoroute et lotissement populaire.

Afin de retrouver la belle dont le souvenir l’obsède, l’autrice/narratrice décide à la suite d’un large et réjouissant examen de la situation, exposé en prologue, de tenir une Permanence de onze jours en ce lieu, pour quoi, résidant à quelque trente-cinq kilomètres, il lui faut courageusement enfourcher sa rossinante monture dénommée Mon Bolide, un vieux vélo aux roues voilées, aux freins insignifiants, dépourvu de vitesses, de suspension, aux pneus de plus quasi impossibles à regonfler !

mardi 27 avril 2021

CE BIEN JOUIR ET BIEN PENSER D’ÉCRIRE. ASSEMBLAGES ET RIPOPÉES DE JEAN-PASCAL DUBOST AUX ÉDITIONS TARABUSTE.

C’est une nouvelle fois à « débauche plumitive au long cours » que les éditions Tarabuste invitent le bénévole lecteur – il en reste – avec Assemblages et ripopées composés par cet opiniâtre Ouvrier Verbal Complexe Qualifié (O.V.C.Q.)[1] qu’est Jean-Pascal Dubost. Reprenant ici des textes pour la plupart déjà parus dans diverses maisons suite à ces Résidences d’écriture « par quoi l’écrivain revêt officiellement sa fonction essentielle d’écrivain en temps donné (rétribué) et lieu précis », l’auteur, appareillant comme toujours les « mille (et plus) subtilités des langages humains » s’adonne à cet art du mélange et de l’invention fait avant tout chez lui des rencontres fécondes que suscite la fréquentation minutieuse autant qu’aventurée des textes anciens comme bien sûr modernes et des milliasses de dictionnaires, glossaires, listes, répertoires, tables, index, lexiques dont on imagine ses bibliothèques pleines jusqu’à craquer. 

 

Écrit suite à un séjour d’auteur à proximité d’un vignoble, celui de Grignan-les-Adhémar, Assemblages, le premier ensemble du recueil, sensé évoquer les plaisirs du vin, célèbre pour commencer l’intense fermentation d’intelligence et de langue mêlées par quoi s’élabore « en fût céphalique » le poème qui comme un bon vin se fait « d’assemblages de différents terroirs lexicaux et champs sémantiques favorisés cependant par une bonne exposition aux dictionnaires, aux documents » et paroles entendues. La métaphore file alors malicieusement de l’une à l’autre de ces deux éjouissantes réalités dont le commun est de réchauffer tant les sens que l’esprit et de se prêter, par travail éclairé portant sur choix des meilleures matières, à l’élaboration de produits inédits et goûteux.

 

Ripopées, terme qui lui aussi appartient au lexique du vin,  quoique connoté cette fois de façon négative, encore qu’il est des ripopées – j’en ai l’expérience – proprement extraordinaires tel cet Edelzwicker un soir bu dans une winstub de la rue des Juifs à Riquewihr, Ripopées donc, ensemble de textes adressés au cher Ronsard, pour cause cette fois de résidence au prieuré de Saint-Cosme où vécut et mourut l’illustre Sonneur Vendomois, n’est qu’une autre façon de cogner de la langue contre celle du maître ancien, s’amusant aux formes par lui expertement pratiquées, Epître, Epigramme, Imitation, Folastrie, Épipalinodie, Hymne, Dithyrambe, Epitaphe… pour jouir encore et encore du plaisir de « débigoter la langue dans la démesure du possible » sans s’abstenir de moquer au passage, en toute impertinence, le peu d’effets de ses vers amoureux sur la gent féminine et son souci trop marqué de la postérité, dite « branlette pérenne ».

 

vendredi 23 avril 2021

SUR L’ÉCART QUI EXISTE, UN LIVRE D’OLIVIER VOSSOT AUX ÉDITIONS LES CARNETS DU DESSERT DE LUNE.

On ne sait trop de quoi parle précisément le livre d’Olivier Vossot qui tantôt évoque, à la troisième personne, l’alcoolisme destructeur du père, à la seconde, le travail créateur du grand-père poète, et à la première du pluriel comme à l’impersonnel, cette rumeur surtout qui partout de nos vies enfle. On ne sait rien du « tumulte que chacun porte ». Des pensées retenues. On reste pris dans cette brouille incertaine des choses. Ces lumières et ces ombres qui de partout font signes. Mais signes de silence. On comprend cependant qu’il est des enfances qui d’être confrontées à des figures de fuite et de chagrin, des existences lourdes, trop lourdes à porter, n’en finissent pas d’éprouver envers tout leur distance.

En courtes phrases tantôt interrogeantes, tantôt, peut-être à l’excès, gnomiques mais toujours d’une belle tenue, le texte d’Olivier Vossot tente de rendre compte de cette mémoire de vivre qui colore chaque instant de notre vulnérable et perméable présent. C’est émouvant. Fragile et secret à la fois. Comme une vitre à travers laquelle regarder le temps. En y posant comme c’est dit les doigts. Sans la pouvoir ou la vouloir ouvrir.

 EXTRAITS CHOISIS

 

mercredi 21 avril 2021

PRIX DES DÉCOUVREURS. LES LAURÉATS DEPUIS 1998 !

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 Sans doute n’est-ce pas une consolation. Juste de quoi repuiser quelque force pour qu’au moins notre liste s’augmente encore de noms qui ne soient pas de virus. Covid 19 ou autres. La seule épidémie que nous souhaitons maintenant est celle de la curiosité féconde, de la parole réellement partagée dans un esprit de bienveillance et de reconnaissance réciproques. Pour des vies augmentées.

mardi 20 avril 2021

NOSTALGIE. LA CUEILLETTE DES MÛRES, UN LIVRE DE PIERRE TANGUY PARU À LA PART COMMUNE.

Suite à ma récente recension de son livre qui m’a fait découvrir la belle personnalité et la mal heureuse vie de Madeleine Bernard, la sœur du peintre Émile Bernard, Marie-Hélène Prouteau me propose cet article sur un tout récent recueil du poète Pierre Tanguy. Moi qui, de toute mon enfance, ne passa pas une seule fin d’été sans me griffer mains et bras aux ronces de mes campagnes, sans tacher indélébilement short et chemise pour ramener à la maison, joues, lèvres et dents, rougis, noircis, des seaux de ces petites drupes sauvageonnes qu’après cuisson j’aiderai ma mère à presser dans de gros torchons, je ne pouvais que me réjouir de cette occasion de me remémorer ces moments. Devenus pour moi comme la belle marchandise envolée d’un bonheur.

 

La Cueillette des mûres, Pierre Tanguy, La Part commune, 2021, 85 pages, 13 euros, par Marie-Hélène Prouteau.

 Comme à l’accoutumée chez Pierre Tanguy, ce recueil parle de choses simples de l’enfance. La cueillette des mûres en Bretagne. Mais, comme souvent chez lui, ce petit fruit tout simple, ces gestes simples disent autre chose qu’eux-mêmes. Voici la fin de l’été, bientôt la rentrée des classes : c’est à ces signes que se repère l’enfant qu’il fut, le Pierre Tanguy petit garçon « aux chaussettes de laine montant jusqu’aux genoux ». Enchanté par les ronciers couverts de fruits, refaisant aujourd’hui ces gestes d’hier, il retrouve sa mère qu’il accompagnait chaque fin d’été à cette occasion. Comme s’il mettait ses pas dans ceux de celle qui est à présent disparue. Plus même, il retrouve la terre-mère. Sous la plume du poète, hier et aujourd’hui se mêlent, au détour de ces petites proses et de ces haïkus, répartis en cinq séquences. D’où cette révélation : « Ma mère m’a initié aux mûres ». Ce livre lève ainsi une mémoire lointaine au contact multiple des plantes et des bêtes qui se nichent en ces lieux. Une mémoire à la saveur très douce, inséparable de la tendresse.

samedi 17 avril 2021

RECOMMANDATION DÉCOUVREURS. ÉCLECTIQUES CITÉS DE LAURE GAUTHIER, ALBUM TRANSPOÉTIQUE, AUX ÉDITIONS ACÉDIE 58.

 

Prises de notes hier sur le dernier livre de Laure Gauthier. Ouvrage intéressant que je recommande. Qui fait entrer dans le laboratoire mental de cette auteur/artiste qui cherche à multiplier les passerelles entre la voix sous le texte bien établi sur sa page, la voix sonore qui l’incarne dès qu’elle se dit en public et les diverses situations où ces incarnations sonores sont amenées par l’auteur à se produire. Dans une rame de métro de Lisbonne, devant la maison du poète tragique à Pompéi, dans un tête à tête avec un cheval ou en s’écoutant intervenir au cours d’un entretien accordé à France Culture. J’y reviendrai sans doute interpellé par cette notion très contemporaine de transpoèmes comme l’auteur appelle ses créations sonores qu’on peut écouter sur le CD joint à l’ouvrage par les jeunes, courageuses et innovantes éditions Acédie 58. Il y a beaucoup à dire et depuis longtemps sur la façon dont le sens n’arrête pas de se faire et se défaire, de se prolonger, se répandre, infuser diffuser en fonction de l’instant et du lieu.  Ce petit livre stimulant travaille sur ces rencontres. Témoignant de toute la richesse aussi de la vie qui accueille, nourrit et finalement englobe la moindre de nos interventions.

 

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jeudi 15 avril 2021

RECOMMANDATION DÉCOUVREURS. ANIMAL(S) DE SYLVIE DURBEC.

 

Un ouvrage qui a la liberté du chevalier errant à travers ses forêts. Qui est donc en partie une quête. Avec une première page (ci-dessous) qui donnera bien envie de lire le reste. Où se rencontreront à l'aventure, bien des voix autres. Comme celle de Denise Le Dantec dans sa Seconde augmentée parue chez Tarabuste il y a quelques années.

Extrait :

Dulle Griet,

                               l'essoufflée