« J’hésite toujours à applaudir les artistes
et les poètes car ce n’est pas les aider que de les conforter dans leurs
mauvais penchants hystériques et narcissiques »
Julien BOUTREUX
Le
métier de poète engendre bien des frustrations. Aspirant comme chacun et
peut-être un peu plus que les autres, à la reconnaissance, le poète, qu’il soit
non édité, mal édité, bien édité mais toujours trop peu lu, jamais invité, ou
si peu, sur les grands tréteaux culturels du temps – c’est son lot – ne
s’estime jamais à la place, éminente, centrale, à laquelle en son for
intérieur, il aspire. C’est que, même si ce qu’il lui arrive de produire se
révèle au regard objectif d’un intérêt modeste, il est de ceux qui éprouvent
au-dedans d’eux cette fameuse « puissance
d’art » dont parle Nietzsche, qui l’amène à se persuader, peut-être
pas d’ailleurs totalement à tort, qu’il est plus amplement ou profondément
vivant que l’immense majorité de ses pauvres semblables.