vendredi 28 avril 2017

TOUS LES CLAVIERS SONT LÉGITIMES ! MACHINE ARRIÈRE DE SAMANTHA BARENDSON.

 Photographie réalisée par l'artiste américaine Sally Mann
Percevoir et déguster les différences, entretenir nos capacités de réaction vive et curieuse face à l’heureuse diversité aujourd’hui menacée du monde, de Montaigne voyageur à Victor Segalen, l’exote, les grandes figures ne manquent pas qui m’encouragent à ne pas rester prisonnier, comme disait aussi Francis Ponge, de ma rainure humaine. Et rien ne me déplaît tant que de voir comme à l’intérieur du petit milieu poétique qui de cette façon ne sera jamais grand, à quel point le triste esprit de chapelle fait que beaucoup s’appliquent – dans les limites d’invention bien sûr hors desquelles il n’y aurait point d’art – à dupliquer le même et s’entendent à mépriser ce qui ne ressemble pas.

Il y a loin entre le livre d’Alexander Dickow que j’ai présenté il y a quelques jours et celui de Samantha Barendson dont je compte parler aujourd’hui. Et ce qui me retient dans cette Machine arrière que Samantha Barendson vient de publier à la Passe du vent, n’est pas du ressort de l’inventivité formelle ou de la profondeur de champ. De cette espèce de conjuration élargie d’intelligence qu’on trouve à l’oeuvre dans la Rhapsodie curieuse du poète franco-américain. Non, le mérite de la suite de poèmes simples et courts qui compose Machine arrière tient justement à son immédiateté. Son évidence qui fait qu’on ne s’interroge pas sur le fond, les arrière -fonds, la préparation, les complications, les superpositions que seraient supposée présenter chacune des lignes de ces textes mais qu’on peut étaler ces derniers devant soi, avec tout le plaisir et la curiosité qu’on tire d’un jeu de photographies où se lirait l’histoire bien séquencée et pas trop difficile à reconnaître, d’une vie.

mardi 25 avril 2017

REPRENDRE PIED DANS SA PAROLE. ZONE INONDABLE DE FRANÇOIS HEUSBOURG.

BILL VIOLA LE DELUGE


Oui nous avons besoin de parole. C’est la vie. Et c’est le propre des poètes ou de façon plus générale de ceux qui entretiennent une relation dynamique à la parole que de témoigner de cette nécessité profonde dont chaque jour, pour ma part, je m’émerveille. Ne sommes-nous pas dans tout le vaste univers connu, la seule parmi ces millions et ces millions, ces milliards, peut-être, d’espèces vivantes, la seule à disposer de cette capacité de prolonger notre existence en paroles. Des paroles qui nous survivent. Et que pour les plus abouties d’entre elles et les plus nourrissantes, nous pouvons nous transmettre de générations en générations.

Que la poésie soit une parole avant tout liée à la vie, à cette pression que sur nous elle exerce, j’en trouve encore aujourd’hui comme preuve le petit livre de François Heusbourg que les éditions AEncrages & Co viennent de faire paraître sous le titre de Zone inondable. Comme l’indique le site de l’éditeur, François Heusbourg y aborde « les inondations terribles qui ont eu lieu en octobre 2015 dans le Sud littoral », entraînant la mort de 21 personnes et provoquant dans plus d’une trentaine de communes des dégâts considérables.

C’est en victime lui-même de cette catastrophe que François Heusbourg élabore une parole s’efforçant de rendre compte de cette situation proprement irreprésentable dans laquelle il se trouve dans un premier temps plongé. Bouleversement des repères d’espace et de temps. Tout, le corps, la pensée, les cloisons d’habitudes et les définitions d’ordinaire bien convenues entre les choses, voilà que tout est devenu d’un seul coup différent. Perméable. Et c’est bien comme un moment de sidération que les mots du poème tentent de conjurer, réservant au blanc, le soin d’inonder l’espace de la page où ne surnagent que quelques notations factuelles, des impressions déboussolées, un sentiment particulier d’impuissance et de vulnérabilité de l’être qui finit par n’avoir d’autre issue, après avoir tenté quelques gestes dérisoires, que de se laisser emporter par le flot désarmé du sommeil.

lundi 24 avril 2017

UNE BIEN GOÛTEUSE CHAIR DE PAROLES. RHAPSODIE CURIEUSE D’ALEXANDER DICKOW.

MU-QI 6 kakis 
« On ne parle pas les choses mais autour ». Non cette phrase n’est pas tout-droit tirée de Montaigne. Elle vient du dernier livre du poète Alexander Dickow qui, sous le titre de Rhapsodie curieuse, semble consacré à l’éloge du kaki, ce fruit mal connu chez nous du plaqueminier dont nous disent les encyclopédistes il existerait dans le monde plus de 600 espèces, sous-espèces et variétés. 

Écrivons-le d’emblée. De tous les livres que j’ai reçus dernièrement, l’ouvrage de Dickow publié par les intéressantes et exigeantes éditions louise bottuest sans doute celui qui m’aura fait la plus forte impression. Procuré le plus de plaisir vrai. Et le plus convaincu de l’intérêt de ces oeuvres de parole, qui, conduites de l’intérieur, nourries d’une véritable curiosité et science des choses, savent profiter de toutes les libérations produites par plus d’un siècle de renouvellements et d’expérimentations littéraires, d’interrogations aussi sur le dire, pour ouvrir toujours davantage nos sensibilités et nous aider à comprendre, approcher, un peu différemment et pour en mieux jouir, l'obscure évidence ou l'évidente obscurité du monde...

Intitulée Rhapsodie le petit grand livre d’Alexander Dickow coud effectivement ensemble des formes et des registres dont le rapprochement peut sembler a priori curieux. Hymne à la diversité – celle des choses et des langues – éloge du goût et de la connaissance,  satire en creux des conformismes auxquels nous nous laissons paresseusement aller dans nos vies quotidiennes, réflexion philosophique sur les complexes relations existant entre le penser et le sentir, entre le corps et l’esprit, les choses et les mots sensés les définir ... sans oublier contes rapportés, inventés, fantaisistes, pastiches, et surtout maladresses syntaxiques voulues, comme d’un qui viendrait d’une autre langue, tout concourt à produire un livre totalement d’aujourd’hui, où le lecteur bien que confronté à tout un choix décalé et délicieusement imparfait de matières, étrangement, ne se perd pas. Se trouve à chaque page comblé. Assuré qu’il se trouve d’être en présence d’une oeuvre véritable. Visiblement pensée. Sentie. Portée. Riche en saveurs diverses. Multiples. Contrariées.

vendredi 21 avril 2017

AU DIAPASON DE L’ÊTRE. VOLTIGE ! D’ISABELLE LÉVESQUE.

Honneur et Vertu fleurissent après la mort Véronèse 


On ne connaît que trop bien la fameuse expression de nos anciens romantiques – que les lecteurs retrouveront aisément, n’en doutons pas, dans l’une des 17000 pages du Journal du philosophe suisse Henri-Frédéric Amiel ! - selon laquelle tout paysage est un état d’âme. Me proposant aujourd’hui de dire quelques mots d’un des nombreux ouvrages que leurs auteurs ou leurs éditeurs – ne les oublions pas – ont eu l’attention de me faire parvenir, il ne me semble pas inutile de partir de cette formule qui possède le mérite de souligner que les frontières n’ont rien d’étanches entre ce que nous croyons être la pure physicalité du monde extérieur et ce que nous envisageons comme relevant du domaine propre de nos singulières intériorités.

Voltige ! d’Isabelle Lévesque est de ces livres où la perméabilité entre le dehors et le dedans qui fonde tout texte en paysage se présente au lecteur avec la plus nette, pour ne pas dire la plus déroutante évidence. Chaque motif ici, qu’il soit fleur, souffle, couleur, forme, inclinaison, battement, ombre ou acuité lumineuse, y apparaît comme intimement noué à ces tremblements intérieurs, ces palpitations vitales, ces tensions et retentions, spasmes et contractions, libérations, volettements, halètements, vertiges, voltiges...  à travers quoi s'éprouvent les diverses intensités d’une relation amoureuse passionnément vécue.

Surgissent alors de ces compositions, une suite de vibrations rendues d’autant plus singulières que le paysage de langue ainsi produit, par ses condensations, sublimations, ses ruptures ou ses ellipses, s’affranchit à son gré de l’ordre imposé des grammaires pour imprimer au poème son allant, ses pas de danse, voire ses aériennes, diffuses et quelque peu énigmatiques acrobaties.

« En chacun tu bats » affirme Isabelle Lévesque en référence à une longue liste de termes par elle écrite, regroupant, comme elle dit, « l’immense et le fragile ». Et c’est bien à une sorte d’assemblage vif et libéré des contraires que s’efforce la poésie de cet auteur qui, à travers chaque détail observé, chaque présence retenue, tente de hisser sa parole au diapason de l’être. Afin qu’au-delà de tout manque, de toute disparition, sa source n’en tarisse pas. Et que tel jour d’été – mettons que ce soit un 25 août – tel moment  de la journée – mettons que ce soit un matin à onze heures – restent, comme l’est bien le paysage, ou le bleu d’un ciel de Véronèse : ineffaçables, inabolis. À jamais toujours-là.

mercredi 22 mars 2017

DÉCOUVREZ LA SÉLECTION DU PRIX DES DÉCOUVREURS 2017-2018 !

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LAURENCE VIELLE PRIX DES DÉCOUVREURS 2017.


OUF ! Non ce n’est pas un soupir de soulagement que je pousse aujourd’hui pour marquer la fin de l’édition 2016-2017 de ce qui fut je crois la vingtième édition du Prix des Découvreurs. Non. Cette action que nous menons grâce au concours actif de dizaines et de dizaines de professeurs qui n’hésitent plus à faire entrer dans leurs classes des poètes pour une fois bien vivants afin de faire comprendre à la jeunesse qu’ils forment que la poésie s’écrit toujours au présent, qu’elle parle de notre humanité actuelle, du monde bien réel qui nous entoure, est certes, une tâche prenante, qui accapare une bonne partie de mon énergie et de mon temps mais elle n’a rien d’épuisant, d’accablant, au vu surtout de tout ce qu’elle apporte.

Non. OUF, c’est le titre qu’auront plébiscité plus d’un tiers des jeunes qui cette année de Calais à Bastia – salut aux élèves du lycée Vicensini – auront eu l’occasion de découvrir comment la poésie d’aujourd’hui a pu se renouveler, étendre ses horizons, élargir ses thématiques et multiplier ses formes d’apparition de manière à ouvrir, pour chacun d’entre nous, de nouvelles voies dans la parole.

Le livre de Laurence Vielle qui est donc notre toute fraîche lauréate aura sûrement plu par ce dynamisme constant qui appliqué à un vécu que chacun peut aisément reconnaître, communique cette envie de vivre et surtout d’affronter dont les jeunes ont tant besoin dans le monde difficile que nous leur transmettons. Sans rien cacher des misères de ce dernier, Laurence sait replacer nos existences dans le cadre élargi d’un univers qui ne se limite jamais aux étroites frontières du moi, donnant ainsi de l’air à nos destinées momentanément essoufflées. Les amenant par l’intensité de ses rythmes à redécoller. S’inventer de nouveaux espaces. S’approprier des ressources jusque-là inédites.

Bien entendu nous avons une pensée pour chacun des auteurs de notre sélection qui ont bien voulu accepter de participer et de rencontrer des classes parfois bien éloignées de chez eux. Laurent Grisel, Christiane Veschambre, Geneviève Peigné, tout particulièrement, se sont montrés parfaits dans ce difficile exercice d’écoute, de partage et de communication que nous avons eu le plaisir d’accompagner. Et c’est à juste titre que leurs livres ont aussi trouvé de nombreux défenseurs. Grâce à leur ouverture et à leur engagement, la poésie sort renforcée dans l’esprit de nombreux jeunes mais aussi de nombreux professeurs qui en ont découvert la vitalité, la nécessité et pris davantage conscience que cette forme d’écriture ne peut se réduire à n’être à l’école qu’un support d’exercice destiné à préparer les épreuves anticipées du bac.

Autre sujet de satisfaction en cette semaine de la Langue française et de la francophonie : après le grand poète algérien Mohammed Dib couronné en 2001, le poète liégeois Eugène Savitzkaya en 2008, la luxembourgeoise Anise Koltz en 2012, c’est une poète bruxelloise qui remporte cette année le prix. Un prix que par ailleurs auront aussi remporté un poète espagnol, Juan Antonio Gonzales Iglesias et deux poètes d’origine syrienne : Maram Al Masri et tout dernièrement cette belle figure de la résistance aux dictatures de tous ordres qu’est Fadwa Souleimane.

Oui, nos jeunes et les courageux professeurs qui les encadrent n’ont que faire des limitations. Désireux de s’affranchir de ce qui, de partout, nous étouffe, ils sont de ceux qui méritent que nous ne plaignions pas, comme on dit, nos efforts. Et que nous poursuivions, plus convaincus que jamais, notre folle entreprise. OUF !


À noter que le prix sera remis le jeudi 6 avril prochain au Carré Sam à Boulogne-sur-Mer lors de notre Journée Découvertes dont on peut consulter le programme ici

vendredi 10 mars 2017

MAIS CE DÉSIR JAMAIS REPU DE S’INVENTER POUR VIVRE... GÉRARD CARTIER. LES MÉTAMORPHOSES

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Gérard Cartier qui conclut son recueil par une « table » replaçant chacun de ses textes à l’intérieur d’un grand dîner aux services gourmands, appréciera sûrement que j’entame cet hommage en révélant que ses poèmes, tout comme ceux d’un poète comme Etienne Faure, dont je le sens personnellement proche, sont à chaque fois pour moi l’occasion d’une lente et attentive dégustation qui presqu’à chaque mot, chaque mouvement de pensée – mais de pensée sensible –  fait que je me sens parcouru de tout un tremblement d’ondes, qu’elles s’étendent sur toutes les surfaces de signification qu’enferme aujourd’hui mon dictionnaire intérieur, ou viennent émouvoir les multiples souvenirs d’une vie passée à lire, écrire et surtout habiter et apprendre à aimer le monde.

On sait qu’une telle poésie, intelligente, cultivée, nuancée et sensible n’est plus trop pour plaire à nos contemporains. Qui se fatiguent vite à suivre ces manœuvres de formes naviguant entre l’intelligible clarté de l’idée rassurante et la réalité toujours un peu fuyante du sentiment qui en constitue le tissu profond et tout baigné d’humeurs. Qu’importe. Nous n’écrivons pas pour les analphabètes. Qui au passage ne sont pas toujours ceux qu’on pense. Et peuvent être parfois, plus que nous, cuirassés de diplômes.

Les Métamorphoses de Gérard Cartier ne sont pas de ces livres que nourrit une réalité bien précise. Qu’ils s’acharnent à épuiser. À circonscrire. C’est au contraire un livre d’expérience par lequel l’auteur se livrant au langage, à l’aventure de la parole, cherche en quelque sorte à illimiter ses possibles, libérer ce qui peut toujours et encore en lui et par lui se dire. La hantise d’être vivant. Et de se réjouir de voir. Savoir. Approcher et toucher.  Écouter et entendre. Goûter à. Tout ce qui, bien entendu, se trouve à portée, ou pas, dans le monde.

Le titre des principales parties du livre fournit en quelque sorte le programme de cette jouissive et dévorante entreprise : Épouser le monde (partie 1), Faire de soi sa discipline (partie 2), Cultiver ses vices (partie 3), Donner sens au chaos (partie 4), Hasarder tous les sentiments (partie 5), Multiplier les formes (Partie 6). 

Des verbes donc. Des verbes. Et des résolutions. Car il y a urgence encore à vivre. Surtout pour « qui passe / Sur un pied la frontière de l’âge et vacille / De son lourd vin d’aînesse ». Et se découvre «  si tardif à célébrer le monde et courir après le temps ».

Peut-être qu’on l’aura compris sans que j’en dise maintenant davantage. Le livre de Gérard Cartier est de ces livres éternellement jeunes que seuls écrivent ceux qui en arrivent au point d’avoir à compter sur leurs doigts les belles et courtes années qu’il leur reste à bien vivre.

Sans crainte d’avoir à quitter bientôt – c’est notre lot -  la salle du banquet dont ils auront sur le papier su recueillir les restes : Bénie la table et les longs amis....

mercredi 8 mars 2017

GÉNÉROSITÉ DE L’ATTENTION. RENCONTRES AUTOUR DE LA POÉSIE AU LYCÉE ARTHUR RIMBAUD DE SIN-LE-NOBLE.

Le groupe d'élèves de Secondes du lycée Rimbaud de Sin-le-Noble


Oui, patente, c’est ainsi que je qualifierai l’attention avec laquelle les jeunes gens du lycée Arthur Rimbaud de Sin-le-Noble ont accueilli l’intervention que nous venons d’y effectuer Geneviève Peigné et moi dans le cadre de leur participation au vingtième Prix des Découvreurs.

On sait que l’attention, la capacité d’attention des jeunes est de plus en plus difficile à capter de façon autre que superficielle, tant on les a habitués, conditionnés, à répondre aux mille et une éphémères et débiles sollicitations des objets, des images qu’entretient une société qui tend à les plonger dans un état de plus en plus visible chez certains de confusion et de dispersion mentales. 

Et c’est vrai que, pour reprendre les mots qu’employait, à la fin du XIXème siècle, dans son maître livre, le philosophe et psychologue américain William James, « sans intérêt sélectif, l’expérience est un pur chaos ». Seules les choses que je remarque,  en m’appuyant sur une certaine concentration de ma conscience, forment mon esprit, constatait-il.

Nous ne pouvons alors qu’être heureux d’avoir bénéficié de cette capacité des jeunes que nous venions rencontrer à se focaliser sur ce nous avons tenté avec plus ou moins de bonheur de partager avec eux. Ce qui est assurément la marque d’esprits, de personnalités, réellement attachés à leur propre et durable enrichissement. Et comme le déclarait la grande Simone Weil une preuve authentique aussi de générosité.

Et nous félicitons bien chaleureusement les responsables de l’établissement ainsi que leur professeur de lettres, Madame Fanny Cambron Huvelle, à qui sûrement ces jeunes doivent d’avoir pu manifester devant nous leurs hautes qualités.

mercredi 1 mars 2017

OÙ SE TROUVE TOUJOURS LA POÉSIE. TÉMOIN DE SOPHIE G. LUCAS.

Cliquer pour ouvrir le document et lire des extraits






























À quoi donc correspond cette poésie dépoétisée dont parlent aujourd’hui certains et qui s’élaborerait indépendamment des propriétés d’image et de chant sur lesquelles ce genre s’est, depuis les origines, construit ?