mercredi 3 juillet 2019

UN CONTE POUR SAUVER LES FILLES ET LES MÈRES ? LOUISE D’ISABELLE ALENTOUR CHEZ LANSKINE !

Non, Louise, cet ouvrage de poésie qui raconte l’histoire d’une femme violée de façon répétée au cours de son adolescence, par un beau-père, n’est pas un livre tragique. Terrible si l’on veut, comme l’est à coup sûr, l’histoire de ces femmes syriennes évoquées dans cet autre beau livre d’Isabelle Alentour composé d’après le documentaire réalisé par Manon Loizeau1 sur la façon dont le régime de Bachar Al Assad utilise le viol comme instrument de répression. Mais de même qu’Ainsi ne tombe pas la nuit loin de se terminer sur le constat de l’anéantissement de ces femmes doublement martyres, du régime inhumain du Boucher de Damas et du caractère impitoyable de la coutume, montre au final toute la beauté de leur dignité puissamment réaffirmée, Louise témoigne d’une forme de reconquête de soi-même et se conclut sur l’espérance revenue de « la belle clarté [et de] la belle sérénité du matin. »

vendredi 28 juin 2019

POUR LES POÈTES. L’AIGLE ET LE HANNETON !

"La cétoine qui dort dans le coeur de la rose"
Sans doute qu’il y a des poètes pour poètes et des poètes pour tous ceux qui malheureusement ou non ne le sont pas. Les poètes pour poètes travailleraient ainsi à élargir nos horizons de langue, nous fabriquer de nouvelles réalités rendant au passage progressivement caduques les anciennes représentations ou les formules qu’un excès de reprises finit toujours par fossiliser.


jeudi 27 juin 2019

DOSSIER PRIX DES DÉCOUVREURS 2020. LES RONCES DE CÉCILE COULON.

CLIQUER DANS L'IMAGE POUR OUVRIR LE DOSSIER

Suis heureux de partager aujourd'hui le premier des dossiers de notre sélection 2019-20 du Prix des Découvreurs. L'ensemble sera disponible pour la rentrée de septembre. Pour découvrir les autres ouvrages de la sélection et prendre connaissance de notre dispositif voir notre présentation

SUR LES RONCES DE CÉCILE COULON. AUX ÉDITIONS DU CASTOR ASTRAL.

Le succès de Cécile Coulon, je veux dire de la poésie de Cécile Coulon, tient un peu du phénomène. Que penser en effet de la fortune de l’unique recueil de cet auteur de 27 ans qui déjà peut se flatter de réunir des milliers de lecteurs puis de s’être vu décerner, quelques mois après sa parution, le-prestigieux-prix-Apollinaire, habituellement décerné à des auteurs confirmés, d’un autre âge ?

Sans doute que si, parallèlement, Cécile Coulon n’avait pas, depuis une dizaine d’années, donc à partir de 17 ans, déjà publié chez Viviane Hamy une bonne poignée de romans ayant assez largement rencontré leur public, elle serait toujours de ces poètes dont personne ne parle puisque personne ne les lit.



Ce qui ne signifie pas a priori qu’il ne faut pas la lire.


mercredi 19 juin 2019

PRIX DES DÉCOUVREURS 2019. ENCORE UN AUTRE SUPERBE RETOUR D'EXPERIENCE, RÉALISÉ PAR LE LYCÉE CARNOT DE BRUAY LA BUISSIÈRE

Cliquer dans l'image pour découvrir ce livre numérique.

À l’heure où des pétitions circulent pour protester contre la difficulté du texte pourtant bien simple, sinon même simpliste, d’Andrée Chédid, proposé comme commentaire aux candidats des séries S de l’épreuve de français, on appréciera ce à quoi se sont hardiment confrontés ces élèves du lycée Carnot de Bruay La Buissière. Nul doute que l'expression « Poésie et quête du sens » ait finalement signifié quelque chose pour ces esprits rendus alertes et créatifs grâce à l’implication et à l’ouverture de leurs enseignants qui depuis longtemps ont cessé de confondre l’enseignement de la littérature avec la production de grilles ou de fiches, sensées répondre à tout.

vendredi 14 juin 2019

MASSACRES DE TYPHAINE GARNIER. CHEZ LURLURE ! MAIS QUE SALUBRE EST CE CHANT !


Les éditions Lurlure dont j’ai eu l’occasion de dire tout le bien que je pensais proposent aujourd’hui un ouvrage qui ne manquera pas de réjouir ceux qui dans la poésie voient avant tout sa matière, ses matières, son infini travail de langue et abordent la littérature avec suffisamment d’irrévérencieuse générosité pour demeurer des esprits libres et des natures créatives.




mercredi 12 juin 2019

LA SECONDE AUGMENTÉE. LA POÉSIE FRICATIVE DE DENISE LE DANTEC. CHEZ TARABUSTE.


De ces égarements singuliers dont sont faits les poèmes, nous aimons les merveilles. Non celles qui mystifient. Explosant en plein ciel, pour disparaître aussitôt, loin de vous. Mais celles qui, avec notre vie font contact. Réaniment. Ne font pas que glisser. Laissent au contraire leur grain, rude parfois, sur notre peau.



Car il n’est pas vrai que la merveille soit contre toute réalité. Indifférente à elle. Ne relevant que de la pure fantaisie. D’un jeu gratuit de l’esprit déréglé s’abandonnant à ses chimères. Cette merveille, que l’auteur des Illuminations aura d’un geste souverain, me semble-t-il, imposé pour longtemps à nos imaginaires, procède de la plus essentielle réalité. De cette réalité incisive. Extensive. Que chacun peut reconnaître et sentir résonner. Quand il écoute. En soi.




vendredi 3 mai 2019

NOUS CONTENTER DE CE DISCRET MIRACLE. PRÉSENTATION DE LA SÉLECTION 2019-20 DU PRIX DES DÉCOUVREURS.


CLIQUER POUR DECOUVRIR LA SELECTION


On le sait. Si l’idée de poésie, le mot, jouissent toujours aujourd’hui d’un évident prestige, la chose, je veux dire les ouvrages qui s’en réclament et que continuent à tenter désespérément de publier ceux qui se disent ou se prétendent poètes, sont loin de faire comme on dit recette : tous les éditeurs vous le diront qui peinent à assurer aux ouvrages qu’ils font paraître des ventes dépassant non pas le millier mais la centaine, la petite centaine d’acheteurs véritables.




mercredi 24 avril 2019

LE PRIX DES DÉCOUVREURS 2019 À ALEXANDRE BILLON POUR LETTRES D’UNE ÎLE CHEZ P.I. SAGE INTÉRIEUR.



Une fois n’est pas coutume. Il nous aura fallu, cette année, attendre jusqu’au tout dernier moment pour pouvoir attribuer le prix des Découvreurs, éditions 2019, aux Lettres d’une île d’Alexandre Billon. Mais si l’ouvrage du jeune poète irakien Ali Thareb, Un homme avec une mouche dans la bouche, a bien failli remporter la mise, porté qu’il était par la naturelle empathie qui pousse encore les jeunes d’aujourd’hui vers ceux qui subissent injustement les violences absurdes qui défigurent le monde, c’est une poésie habitée par un sentiment plus large et plus universel, ouverte non seulement à l’inquiétude mais aussi à la joie, au plaisir et au bonheur de vivre que la plus grande partie de nos jeunes ont finalement élue. Et sans doute faut-il se réjouir de ce choix qui témoigne de l’ouverture de sensibilité d’une jeunesse qui sans vouloir ignorer les aspects les plus noirs de notre réalité contemporaine reste attachée à ce qui continue de chercher à dire, sans miévrerie, sans pathos inutile, la fragile et inquiète beauté de notre condition.


jeudi 4 avril 2019

POUR WISLAWA SZYMBORSKA. NOUS SOUCIER AVANT TOUT DES PAROLES VIVANTES !

Bien envie de faire découvrir à l’occasion du prochain prix des Découvreurs dont nous devons très prochainement délivrer la sélection, la poète polonaise Wisława Szymborska, dont la collection Poésie/Gallimard a récemment fait paraître une anthologie dont le titre, De la mort sans exagérer rien que lui déjà interpelle fortement.

Je sais que malheureusement Szymborska n’est plus de ce monde et que nous sélectionnons en principe des poètes vivants. Mais n’est-ce pas surtout de paroles vivantes, d’une poésie forte et claire, capable avant tout de dire et de faire sentir et comprendre ce qui dans la vie et pour l’homme doit rester nécessaire, que nous devons nous soucier. Pour la faire connaître et partager. 



EXTRAIT :

Wisława Szymborska – De la mort sans exagérer

Elle n’entend rien aux blagues,
aux étoiles, ni aux ponts,
au tissage, ni aux mines, ni au labourage,
ni aux chantiers navals, ni à la pâtisserie.

Quand elle se mêle de nos projets d’avenir,
elle a toujours le dernier mot
hors sujet.

Elle ne sait même pas faire
ce qui directement se rapporte à son art :
ni creuser une tombe,
ni bâcler un cercueil,
ni nettoyer après.

jeudi 28 mars 2019

DE LA DIFFICULTÉ DE L’INCARNATION. LE BEL OBUS. UN OUVRAGE DE GUILLAUME DE FONCLARE.


Dans ma peau, un livre de Guillaume de Fonclare qu’une amie m’a très récemment donné à lire, connaissant mon intérêt pour ce qui a trait aux paysages de la Grande Guerre, est un livre que je qualifierais volontiers de touchant si je pouvais débarrasser le mot de cette nuance de niaise et visqueuse sensiblerie qu’il prend aujourd’hui de plus en plus à la une des media populaires. L’auteur, alors directeur de l’Historial de la Grande Guerre de Péronne, y raconte son combat quotidien contre une maladie dégénérative qui le rend prisonnier comme il l’écrit « d’une gangue de chair et d’os » et l’amène à se retrancher progressivement dans les limites de plus en plus étroites et mesurées des déplacements que lui permet sa résistance à la souffrance. On le voit à ces diverses formules : difficile pour lui de ne pas établir de parallèle entre sa douloureuse et mal supportable condition et celles de ces millions et millions d’hommes dont l’établissement qu’il dirige a charge d’entretenir l’émouvant et ô combien pitoyable souvenir.

lundi 18 mars 2019

À LIRE ! DU TRAVAIL DE JEAN-PASCAL DUBOST. APOLOGIE DU POÈTE EN LIBRE TRAVAILLEUR.


Ceux que l’activité littéraire, de nature plus spécialement poétique, intéressent encore, trouveront j’imagine matières à réflexion et autres nourritures délectables à la lecture du bel ouvrage de Jean-Pascal Dubost, Du travail, paru récemment à l’Atelier Contemporain. Ouvrage comme on dit de résidence, le livre de J.P. Dubost s’écarte toutefois de ce genre souvent un peu léger de production par l’importance de l’investissement personnel dont il fait montre. Du travail est un travail solide. Sérieux. D’un sérieux n’excluant heureusement pas l’humour et la fantaisie. Dont l’intérêt pour moi réside aussi dans le fait qu’il se présente sous la forme d’une aventure de pensée, menée « en état de crise poétique et morale », crise  dont l’auteur nous conte et compte aussi les péripéties, sans les abstraire du pittoresque des circonstances où elles sont nées.

lundi 11 mars 2019

ANTOINE ÉMAZ ET LES DÉCOUVREURS. MERCI.


Gravure de Martine Rassineux sur un poème d'A. Emaz.

Le poète Antoine Émaz qui figura à plusieurs reprises dans la sélection du Prix des Découvreurs, est mort le 3 mars dernier. Il rejoint la liste qui commence à être longue des disparus que nous aimons et qui comme par exemple Ludovic Janvier ou Fadwa Suleimane, resteront encore longtemps bien présents dans notre cœur.


C’est Ariane Dreyfus, je crois, qui la première m’incita, à l’occasion de notre rencontre à la fin des années 90, à me rapprocher d’Émaz pour laquelle, outre une grande admiration pour son travail poétique, elle éprouvait un véritable attachement pour les qualités humaines dont il savait l’accompagner. Et c’est donc assez naturellement que je lui proposai de figurer dans la sélection d’estampes que sur la proposition du maître typographe François Da Ros et de sa compagne  Martine Rassineux, graveuse, je réunissais pour qu’ils en fassent la magnifique série qu’on peut toujours découvrir sur leur site.

vendredi 8 mars 2019

BIENTÔT L’HEURE DES GRENOUILLES PENSANTES ? RENCONTRES EN MILIEU SCOLAIRE. LA MEL. LA RÉFORME DES LYCÉES...




« Nous ne sommes pas des grenouilles pensantes, nous ne sommes pas des appareils objectifs et enregistreurs avec des entrailles en réfrigération, — il faut sans cesse que nous enfantions nos pensées dans la douleur et que, maternellement, nous leur donnions ce que nous avons en nous de sang, de cœur, d’ardeur, de joie, de passion, de tourment, de conscience, de fatalité. La vie consiste, pour nous, à transformer sans cesse tout ce que nous sommes, en clarté et en flamme, et aussi tout ce qui nous touche. »

C’est à ces magnifiques paroles de Nietzsche, extraites du Gai savoir, que je songe immanquablement avant chaque rencontre. Notamment en milieu scolaire. Que j’y intervienne comme poète, même un peu négligé par ses pairs, ou plus indirectement comme accompagnateur et organisateur. 


lundi 25 février 2019

LES DÉCOUVREURS AU LYCÉE KERNANEC DE MARCQ-EN-BAROEUL. ENTRE LA PAROLE ET LA VIE.

CLIQUER DANS L'IMAGE POUR DECOUVRIR LE PADLET


Et puis parce qu’il faut surtout penser à la vie et ne pas toujours regarder la face la plus sombre des choses, je suis heureux à la suite de mes deux dernieres interventions sur ce blog d’y partager aujourd’hui le travail réalisé par les élèves de 1 S du lycée Kernanec de Marcq-en-Barœul, près de Lille, sous la direction de Marie-Juliette Robine, une professeur admirable que j’ai la chance de connaître depuis plus d’une dizaine d’années.

J’espère de tout cœur que ces lectures contemporaines si diverses accomplies par les jeunes gens dont s’occupe Marie-Juliette, auront permis à beaucoup d’entre eux, de libérer, comme c’est l’objectif des Découvreurs, cet élan qui va de la parole à la vie et de la vie à la parole