Des livres comme ceux que
publient Hélène Sanguinetti sont justement de ces livres qui, poussant à la
limite leur propre affirmation d’être et de solitude peuvent nous aider à
comprendre l’impasse dans laquelle s’engage quiconque voudrait trouver le mot,
découvrir la formule, le magique abracadabra, qui ouvrirait pour chacun le sens
d’une œuvre à tort considérée comme un bloc de significations d’une densité
telle qu’il y faudrait une culture, une attention exceptionnelles pour en
pénétrer, ne serait-ce qu’un peu, les principaux arcanes.
Chacun à notre place nous sommes les acteurs de la vie littéraire de notre époque. En faisant lire, découvrir, des œuvres ignorées des circuits médiatiques, ne représentant qu’une part ridicule des échanges économiques, nous manifestons notre volonté de ne pas nous voir dicter nos goûts, nos pensées, nos vies, par les puissances matérielles qui tendent à régir le plus grand nombre. Et nous contribuons à maintenir vivante une littérature qui autrement manquera à tous demain.
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mercredi 21 juin 2017
IL Y A ENCORE DE QUOI CHANTER ! DOMAINE DES ENGLUÉS D’HÉLÈNE SANGUINETTI.
mercredi 14 juin 2017
POUR PIERRE DROGI. FULGURATION DE LA VIE.
TIEPOLO Métamorphose de Daphné détail |
Car Pierre Drogi est poète. Et
poète vraiment. Comme vraiment je les aime. C’est-à-dire poète traversé mais
aussi traversant et ce n’est pas parce que les figures que dessinent ses poèmes
sur la page ont un petit caractère mallarméen et dans leur très subtile
ponctuation jouent savamment de leur relation typographique au blanc, qu’ils ne
sont pas par-dessus tout parole et parole activée pour libérer un peu de ce
qu’offre partout, mais à nous si difficilement, le monde : l’expérience
d’une relation dégagée, désencagée, décollée de ces pancartes, affiches,
écriteaux par quoi la pensée puis sa langue se condamnent à la seule et triste
gymnastique des mots.
Mouvement en profondeur du cœur
qui accueille et répond, la poésie de Pierre Drogi, bien que nourrie d’une rare
culture, est un « fluide simple »,
une circulation d’énergies prises on peut dire à toutes choses qui de chaque
recoin de la création viennent s’y mélanger, s’y échanger, jouir de leurs
métamorphoses pour nous arracher aux fausses certitudes des identités arrêtées et
relancer l’infini commerce que nous n’aurions jamais dû suspendre avec tout ce
qui de partout renverse et déborde : la vie.
vendredi 28 avril 2017
TOUS LES CLAVIERS SONT LÉGITIMES ! MACHINE ARRIÈRE DE SAMANTHA BARENDSON.
Photographie réalisée par l'artiste américaine Sally Mann |
Percevoir et déguster les différences,
entretenir nos capacités de réaction vive et curieuse face à l’heureuse
diversité aujourd’hui menacée du monde, de Montaigne voyageur à Victor Segalen,
l’exote, les grandes figures ne
manquent pas qui m’encouragent à ne pas rester prisonnier, comme disait aussi
Francis Ponge, de ma rainure humaine.
Et rien ne me déplaît tant que de voir comme à l’intérieur du petit milieu
poétique qui de cette façon ne sera jamais grand, à quel point le triste esprit
de chapelle fait que beaucoup s’appliquent – dans les limites d’invention bien
sûr hors desquelles il n’y aurait point d’art – à dupliquer le même et s’entendent
à mépriser ce qui ne ressemble pas.
Il y a loin entre le livre d’Alexander Dickow que j’ai présenté il y a quelques jours et celui de Samantha Barendson dont je
compte parler aujourd’hui. Et ce qui me retient dans cette Machine arrière que Samantha Barendson vient de publier à la Passe
du vent, n’est pas du ressort de l’inventivité formelle ou de la profondeur de
champ. De cette espèce de conjuration élargie d’intelligence qu’on trouve à
l’oeuvre dans la Rhapsodie curieuse
du poète franco-américain. Non, le mérite de la suite de poèmes simples et
courts qui compose Machine arrière
tient justement à son immédiateté. Son évidence qui fait qu’on ne s’interroge
pas sur le fond, les arrière -fonds, la préparation, les complications, les
superpositions que seraient supposée présenter chacune des lignes de ces textes
mais qu’on peut étaler ces derniers devant soi, avec tout le plaisir et la
curiosité qu’on tire d’un jeu de photographies où se lirait l’histoire bien
séquencée et pas trop difficile à reconnaître, d’une vie.
lundi 24 avril 2017
UNE BIEN GOÛTEUSE CHAIR DE PAROLES. RHAPSODIE CURIEUSE D’ALEXANDER DICKOW.
MU-QI 6 kakis |
« On
ne parle pas les choses mais autour ». Non cette phrase n’est pas
tout-droit tirée de Montaigne. Elle vient du dernier livre du poète
Alexander Dickow qui, sous le titre de Rhapsodie
curieuse, semble consacré à l’éloge du kaki, ce fruit mal connu chez nous du
plaqueminier dont nous
disent les encyclopédistes il existerait dans le monde plus de 600 espèces,
sous-espèces et variétés.
Écrivons-le d’emblée. De tous les livres que
j’ai reçus dernièrement, l’ouvrage de Dickow publié
par les intéressantes et exigeantes éditions louise bottu, est sans doute celui qui m’aura
fait la plus forte impression. Procuré le plus de plaisir vrai. Et le plus
convaincu de l’intérêt de ces oeuvres de parole, qui, conduites de l’intérieur,
nourries d’une véritable curiosité et science des choses, savent profiter de
toutes les libérations produites par plus d’un siècle de renouvellements et
d’expérimentations littéraires, d’interrogations aussi sur le dire, pour ouvrir
toujours davantage nos sensibilités et nous aider à comprendre, approcher, un
peu différemment et pour en mieux jouir, l'obscure évidence ou l'évidente
obscurité du monde...
Intitulée Rhapsodie
le petit grand livre d’Alexander Dickow coud effectivement ensemble des
formes et des registres dont le rapprochement peut sembler a priori curieux.
Hymne à la diversité – celle des choses et des langues – éloge du goût et de la
connaissance, satire en creux des
conformismes auxquels nous nous laissons paresseusement aller dans nos vies
quotidiennes, réflexion philosophique sur les complexes relations existant
entre le penser et le sentir, entre le corps et l’esprit, les choses et les
mots sensés les définir ... sans oublier contes rapportés, inventés, fantaisistes,
pastiches, et surtout maladresses syntaxiques voulues, comme d’un qui viendrait
d’une autre langue, tout concourt à produire un livre totalement d’aujourd’hui,
où le lecteur bien que confronté à tout un choix décalé et délicieusement
imparfait de matières, étrangement, ne se perd pas. Se trouve à chaque page
comblé. Assuré qu’il se trouve d’être en présence d’une oeuvre véritable. Visiblement
pensée. Sentie. Portée. Riche en saveurs diverses. Multiples. Contrariées.
samedi 18 février 2017
ABATTOIRS. ON N'A PAS LE DROIT DE COMBINER LES MAUX DE L'ÂGE ATOMIQUE AVEC LA SAUVAGERIE DE L'ÂGE DE PIERRE !
CLIQUER DANS L'IMAGE POUR DECOUVRIR LES TEXTES |
On appréciera,
j’espère, la largeur de vue de la Dame de Mount
Desert. Et comme elle s’y montre capable de donner sens à une forme d’habitation
du monde dont il semble que nous nous
éloignions chaque jour à grands pas.
Nous avons
complété ses propos par un extrait tiré de l’oeuvre de Jean-Christophe Bailly dont
nous ne saurions trop recommander sur le sujet, le livre intitulé Le Versant animal.
Et pourquoi
ne pas redécouvrir aussi l’extraordinaire ouvrage d’Upton Sinclair, La Jungle (1906), consacré aux célèbres
abattoirs de Chicago, un livre dont on dit qu’il amena le Président des Etats-Unis
de l’époque, à renoncer à consommer des saucisses à son petit déjeuner !
dimanche 5 février 2017
POUR UNE HYGIÈNE DE L’ESPRIT. UNE PENSÉE SANS ABRI. CHRISTIANE VESCHAMBRE AVEC LES LYCÉENS DE BOULOGNE ET CALAIS.
Christiane Veschambre au lycée Branly de Boulogne-sur-Mer |
L’école peut-elle se limiter aujourd’hui à des savoirs arrêtés ? À
la transmission de modèles ? De listes. De connaissances ou de dogmes à
réciter. Non. Et de moins en moins non ! À l’heure où la menace de l’enfermement
des esprits dans des systèmes de croyances visant à nier le droit de chacun à
sa propre différence alerte à juste titre sur ce que nous voulons sauver de nos
démocraties, il est bon de rappeler que la pensée véritable, celle qui fait
avancer, est toujours sans abri.
mardi 31 janvier 2017
HERBES. CONJOINDRE À NOUVEAU NATURE ET CULTURE ! AUGUSTIN BERQUE.
Herbes sur les bords du lac de Trakkai |
On le
sait. Durant des lustres, notre enseignement s'est complu à organiser son approche de la littérature et
principalement de la poésie autour de grands thèmes tels l'amour, la rencontre,
l'engagement, la femme et plus largement encore celui de la nature !!! Et c'est
de cette passion immodérée pour les concepts vagues et leur illustration
caricaturale qu'ont fini sans doute par apparaître autour de nous des générations
d'esprits manipulateurs et bavards davantage occupés de l'effet de leurs
paroles que de la relation qu'elles devraient entretenir avec ce que nous
appellerons, pour aller vite, le réel foisonnant qui non pas nous entoure mais
de fait, en partie, nous construit.
J'aurais aimé ici évoquer chacune des 12 contributions
qui à travers le regard du paysagiste, du critique d'art, du philosophe, du
géographe, de l'orientaliste, du jardinier, du botaniste, de l'écrivain, du
musicologue …. renseignent l'inépuisable réalité de ce qui se trouve recouvert
par l'idée en apparence si transparente et docile de l'herbe. La profondeur et
l'intérêt si divers de la plupart de ces textes font que chacun comprendra
qu'il fera mieux d'aller y voir de lui-même. Je m'attarderai simplement dans ce
billet sur la proposition de l'auteur de Poétique de la Terre. Histoire naturelle et histoire humaine, Augustin Berque, qui, partant de l'expérience du
philosophe japonais Watsuji Tetsurô (1889-1960)présente à mes yeux le grand
mérite non seulement de souligner, ce qu'on sait bien, à savoir, le relativité
des cultures, mais celui surtout de nous entraîner à partir de là, à repenser
notre relation à la nature qu'il s'agit de retrouver non par un retour à la
sauvagerie primitive mais tout à rebours par un lent travail de réciproque
reconstruction.
Non,
pour Augustin Berque, l'homme ne se conçoit pas comme individu occupant une
place centrale dans un environnement conçu comme système interrelationnel
d'objets qui lui resteraient extérieurs, mais comme être fondamentalement,
constitutivement, engagé dans un milieu qu'il crée à travers les innombrables
relations qu'il entretient, tant sur le plan physique que symbolique avec le
monde. Ainsi rien ne serait plus faux qu'imaginer, pour parodier la trop
célèbre formule de Gertrude Stein, que l'herbe est de l'herbe est de l'herbe et
serait partout toujours de l'herbe.
Comme le découvrit Watsuji
Tetsurô lorsqu'il aborda - au printemps ! - la côte de Sicile, l'herbe d'Europe
n'a pas comme dans son propre pays soumis, lui au régime plus violent des
moussons, ce caractère de brousse impénétrable qui là-bas la fait figurer en
bonne place parmi les symboles du wilderness,
c'est-à-dire de la nature sauvage. Elle est amène et souple et se laisse
aisément dominer. Induisant un rapport particulier de la culture à la nature.
Rapport dont la tondeuse à gazon dont nous faisons tant de bruyants et
ravageurs usages dans nos jardins comme aux bords des chemins, me semble
toujours le très affligeant emblème.
De
fait, en faisant du cosmos un univers-objet et en soumettant le vivant à notre
mécanique, la science occidentale nous a coupés du monde. Et nous fait vivre
chaque jour un peu plus dans un monde de signes et d'abstractions qui certes,
nous confère une impression accrue de puissance, mais nous a fait perdre la
multiplicité des liens sensibles qui nous attachaient à l'ensemble des réalités
élémentaires avec lesquelles s'est tissé au cours des millénaires le milieu qui
constitue notre humaine et flexible habitation. Cela, on commence à s'en rendre
peut-être un peu tardivement compte, n'est pas sans affecter tant l'équilibre
psychique des individus que les grands équilibres naturels dont dépend la
survie plus ou moins harmonieuse des sociétés.
C'est
pour cela qu'à la manière des calligraphes japonais, qui distinguent 3 degrés
successifs d'écriture, il nous appartient sans doute, conclut Berque, après
avoir appris à écrire le monde en lui imposant la régularité (zhen) de nos lois, de retrouver une forme
d'écriture moins entravée, plus allante (xing)
puis de passer à une forme cursive, justement appelée "herbue" (cao),
par quoi nous parviendrons peut-être enfin à conjoindre à nouveau cette double
dimension de l'être et bien évidemment du monde que sont nature et culture.
Non à
partir des idées pures. Mais des réalités sensibles. De l'herbe. Évidemment.
mardi 24 janvier 2017
PUISSANCE DE LA POÉSIE. APOLLINAIRE ET CHARLOTTE DELBO. AUCUN DE NOUS NE REVIENDRA.
Egon Schiele, La Jeune Fille et la Mort |
Oui, amis
enseignants. Il pourrait être intéressant à l’école, plutôt que de trop
chercher à vouloir découvrir ce que peut bien signifier, en soi, tel poème
écrit il y a maintenant des siècles, de réfléchir à la nature de l’écho que des
lecteurs actuels, en fonction de leur situation propre, peuvent toujours percevoir
en lui.
C’est le 30
ou 31 mars 1902, un dimanche donc ou un lundi de Pâques, jour de résurrection,
que Guillaume Apollinaire, pénètre pour la première fois dans l’Alter Nördlicher Friedhof de Munich dont
les tombes aux allures parfois inattendues semblent surgir d’un flot de mousses
et de verdure. De ce qu’il ressent alors, découvrant - à l’intérieur de ce
qu’on appelait autrefois l’obituaire,
mot disparu remplacé dans notre franglais d’aujourd’hui par l’expression Funeral Home - une troupe impassible de
morts, gentiment préparés et bien allongés dans leur bière et qui semblent
l’attendre, on n’en saura rien que la fantaisie qu’après quelques vicissitudes,
il intégrera à son recueil Alcools, sous
le titre de La Maison des morts.
mardi 3 janvier 2017
EN 2017. L’ÉDUCATION ! POUR LA CONSTRUCTION D’UN AVENIR MEILLEUR, DURABLE ET FRATERNEL.
Tout sépare cette allégorie du feu peinte en 1566 par Arcimboldo
qui célèbre la puissance guerrière de l’Empereur Maximilien II de Habsbourg, à l’époque en
lutte contre Soliman le Magnifique, du tableau qu’à 14 ans, en pleine guerre
mondiale, Giacometti intitula La Paix
et qu'on peut découvrir à l’Albertina de Vienne.
Que les enfants qui tiennent ici
entre leurs mains, non une colombe blanche mais un merle sans doute - ce qui me fait
personnellement penser à l’admirable texte de Fabienne Raphoz sur le merle de
son jardin (dont on trouvera un extrait page 30 de notre Dossier Découvreurs 2013) - soient ce que nous avons de plus précieux et que l’avenir que nous leur
construisons constitue l’interrogation fondamentale qui devrait nous habiter
tous, voilà ce qui pour moi ne souffre plus discussion.
vendredi 9 décembre 2016
LITTÉRATURE ENGAGÉE. UN LIVRE À FAIRE TRAVAILLER DANS LES CLASSES !
Cliquer dans l'image pour accéder à nos extraits |
« C’est pas l’affaire privée de quelqu’un, écrire. C’est vraiment se
lancer dans une affaire universelle. Que ce soit le roman, ou la philosophie.
» Ce n’est certes pas le livre d’Alice Ferney, Le Règne du vivant, qui vient d’être réédité en Poche après sa
publication en 2014 aux éditions Actes Sud, qui donne tort au propos que Gilles
Deleuze aura tenu dans son Abécédaire, confronté
à la lettre A de Animal.
Court, prenant, engagé, le livre d’Alice
Ferney qui s’insurge contre l’accaparement et la destruction par les humains de
l’espace naturel qu’ils se révèlent incapables de partager vraiment avec toutes
les autres formes de vie, mérite d’être proposé aux jeunes qu’il est en mesure
de sensibiliser à l’usage que nos sociétés dîtes avancées font du monde dont
elles s’estiment toujours, pour reprendre l’expression bien connue de
Descartes, « comme maîtres et possesseurs ».
vendredi 2 décembre 2016
IDENTITÉ. ALTÉRITÉ. PLASTICITÉ. COMMENT SORTIR DE SA RAINURE HUMAINE.
MASQUES ALASKIENS, CHATEAU-MUSEE de BOULOGNE-SUR-MER |
*
Je lis toujours avec intérêt les considérations
que Florence Trocmé publie dans son flotoir. Ce qu’elle vient d’écrire récemment au sujet de la traduction et peut-être
aussi sur la question de la mise en scène des grandes œuvres littéraires me
donne d’ailleurs envie de revenir un peu sur certaine des idées que je défends
à l’intérieur de ce blog.
Bien sûr, je partage a priori la considération qu’éprouve Florence
Trocmé pour le travail de P. Markowicz et son souci de rendre, avant tout,
compte du caractère d’altérité
des oeuvres composées dans des langues étrangères.
Il y a pour chacun, en terme
d’élargissement d’être, plus d’avantages
à concevoir la traduction comme un chemin vers l’autre qu’à la réduire à n’être
qu’une adaptation - à nos communes façons de voir, de penser, de sentir - du
système de représentations fondamentalement différent dans lequel s’inscrit
toute oeuvre produite dans une culture autre. Rien ne peut être plus triste
pour l’homme que de ne savoir pas, comme dirait Francis Ponge, sortir de sa rainure. Et s’empêcher ainsi de se dupliquer
constamment lui-même. Je partage à ce sujet les points de vue que développe
Marielle Macé dans son dernier ouvrage, qui prenant les
choses de manière très large, nous porte à reconnaître, non seulement dans la
pluralité des formes prises par la vie humaine, mais aussi dans l’immense variété des existences animales, ce qu’à la suite de Canguilhem
elle appelle des allures diverses de la
vie, des styles, et va jusqu’à distinguer dans la multiplicité même des
objets – je pense en particulier au passage qu’elle consacre aux instruments de
musique – autant de manières d’instituer des relations nouvelles avec le monde.
samedi 26 novembre 2016
CHAIRS ET COULEURS DES DÉBUTS DU CHRISTIANISME. LIRE LE ROYAUME D’EMMANUEL CARRÈRE.
FRA ANGELICO Noli me tangere |
C’est
pourquoi j’ai aimé le livre qu’Emmanuel Carrère a consacré à « enquêter » sur les chrétiens des
premiers âges et l’apparition de cet étrange, sinon même insensé système de
croyances* qui, né dans cette lointaine partie de l’empire romain qu’était
autrefois la Judée, a fini par rayonner sur la plus grande partie du monde
donnant au passage naissance aux cathédrales, à la musique de Bach, à la
peinture de Rubens, du Caravage ou de Fra Angelico...
Principalement
centré sur la figure de Luc, ce grec judaïsé originaire de Macédoine qui fut
l’un des principaux compagnons de Paul et auteur comme on le sait de l’Evangile
qui porte son nom ainsi que des Actes des
Apôtres, le livre de Carrère qui considère en partie Luc comme un confrère
en écriture, nous aide à donner chairs et couleurs, un peu d’épaisseur humaine
encore, à ces figures que l’ignorance de leur histoire réelle et notre
soumission aux images fabriquées, ont laissé se figer en traits grossiers sur
les toiles de fond de nos imaginaires. Richement documenté en dépit bien
entendu du caractère limité des sources qui nous sont parvenues, l’ouvrage nous
aide également à comprendre un peu les circonstances concrètes et les divers
enjeux, psychologiques, sociaux, politiques, intellectuels, moraux et pourquoi
pas aussi littéraires qui ont conditionné les tout débuts du christianisme et
conduit à sa progressive rupture avec le judaïsme.
lundi 7 novembre 2016
VULNÉRABLE GÉNÉROSITÉ DE LA POÉSIE. STÉPHANE BOUQUET.
EDUARD OLE
PASSENGERS 1929
|
Merci
aux éditions Champ Vallon de m’avoir adressé le dernier livre de Stéphane
Bouquet, Vie commune. Ceux qui me
font l’amitié depuis quelques années de lire les notes que je consacre aux
poètes que j’estime savent tout le bien que je pense de l’œuvre de cet auteur
auquel j’ai consacré l’un des tous premiers billets de mon précédent blog (Voir).
L’ouvrage
aujourd’hui présenté ne fait pour moi que confirmer l’importance du travail de
cet auteur. Importance dont me persuadent moins les nombreux arguments que
pourraient avancer ma raison raisonnante ou la sorte d’évidence avec laquelle
le lisant, ses livres m’apparaissent sortir vraiment du lot commun. Non, si les
livres de Stéphane Bouquet comptent tant à mes yeux c’est qu’ils sont au
sens fort émouvants. Qu’ils
m’émeuvent. Par tout ce qu’ils réussissent à me faire sentir de ce désir
poignant qui nous anime d’une présence élargie aux autres et au monde. Sans
rien cacher de tout ce qui pourtant fait la vie moindre et fausse. Et solitude.
vendredi 4 novembre 2016
DE NOTRE POUVOIR DE LAISSER S’ASSÉCHER OU DE FÉCONDER NOS VIES. SUR LE DERNIER LIVRE DE MARIELLE MACÉ, STYLES.
CLIQUER DANS L’IMAGE POUR LIRE
NOTRE EXTRAIT DE STYLES
|
*
De quoi, de qui, sommes-nous les serviteurs ? D’un ordre social qui nous gouverne ? Des habitudes que nous avons contractées ? Des pulsions profondes qui inconscientes nous travaillent ? Des mystérieuses chimies de nos cerveaux ? Des langues pourquoi pas encore qui façonnent nos représentations du monde? Les raisons ne manquent pas à ceux qui ne veulent voir en l’homme que la triste, rumineuse et malhabile marionnette de jeux de forces multiples qui l’animent. En même temps l’empêchent. Pour ne lui concéder qu'une illusoire liberté.
Mais, si
loin d’être les administrés de vies
qui jamais totalement, c’est vrai, ne nous appartiennent, nous étions capables,
chacun à notre façon, d’investir les mille et une sollicitations du vivre ; et empruntant parmi les multiples formes qui nous traversent
celles qui trouveront matières à s’incarner, se prolonger ou se laisser
redéfinir, c’est selon, nous disposions du pouvoir d’affirmer, d’inventer, envers
et contre tout, cette singularité d’être que nous refuse un peu
vite l’esprit réducteur et conformiste du temps.
Je ne sais
si le tout dernier livre de Marielle Macé tranche dans la production
universitaire du moment. Je suis loin d’être au fait de tout ce qui se publie
aujourd’hui dans ces territoires qui m’ont toujours un peu effrayé, sinon
rebuté, par leur caractère de parole souvent étrangement inhabitée. Mais je
vois bien que son livre qui s’autorise régulièrement la confidence, est d’un
auteur « affecté » par son
sujet. D’un auteur qui du coup me
concerne. Répondant à certaines questions que, vivant, je me pose. Mettant
ainsi ses clartés, ses lumières, sur des choses que je sens.
Et si nous
pouvions un peu bricoler comme Sujets véritables, comme buissonnières libertés,
ces vies qu’on voit de plus en plus faites pour être assujetties ?
D’autres,
j’imagine, ont rendu compte de son livre. Le replaçant dans le grand concert
des productions intellectuelles de l’époque. En soulignant les vues les plus
pertinentes, en pointant aussi, c’est certain, les angles morts. J’y ai pour ma
part d’abord conforté l’admiration que j’éprouve pour le Michaux de Passages,
pour le Barthes de la Préparation du roman ... pour tant d’autres encore à commencer par le
Michel de Certeau de l’Invention du quotidien qui, l’un des premiers dans ma bien paresseuse évolution
intellectuelle, m’a fait comprendre comment perruquage et braconnage étaient non pas les deux mamelles de notre vie mais deux modes extraordinaires
par lesquels nous pouvons un peu bricoler
comme Sujets véritables, comme buissonnières libertés, ces vies qu’on voit aussi de plus en plus prêtes à être assujetties.
On reproche
aujourd’hui souvent aux colériques leurs excès. À ceux qui ne se retrouvent pas
dans les simplifications d’usage, leur élitisme. L’ouvrage de Marielle Macé
apportera à ceux-là qui ne sont pas très à l’aise dans le grand corps
d’habitudes empruntées de l’univers social actuel, une sorte de légitimation de
leurs mauvaises manières. Loin de
n’être que pure recherche de distinction, affirmation énergumène ou posture, le
souci obstiné de nuances, le refus des connivences ordinaires, comme
l’emportement face aux façons de vie jugées insupportables, sont pour Marielle
Macé à mettre au crédit de certaines sensibilités qu’elle n’hésite pas à
qualifier de poétiques, émanant de dispositions d’être quasi sismographiques
capables de repérer mais aussi d’évaluer, les grands mouvements profonds qui
affectent les sociétés et menacent par certains de leurs aspects de les rendre
en partie inhabitables. C’est ce qu’elle montre à travers les exemples de
Baudelaire et aussi de Pasolini dont elle explique qu’il fut
celui qui le premier l’ouvrit au désir d’étudier, au-delà des groupes et des
individus, les formes particulières prises par la vie. Ses styles. N’en
vitupérant celles qu’il voyait émerger de son temps que dans la mesure où elles
étouffaient, selon lui, les chances de l’apparaître humain.
Se
délivrer totalement de « l’abcès d’être quelqu’un ? »
Loin ainsi
de nous entraîner à la célébration narcissique des petites différences,
pratique malheureusement bien connue de divers milieux poétiques, c’est à
partir d’une conception élargie, inquiète et toujours en devenir, du processus
d’individuation affectant ce que nous
tenons parfois frileusement pour nos identités, que Marielle Macé s’ingénie à valoriser en l’homme cette capacité
d’attention qui permet d’éprouver de nouvelles relations avec le monde et de
reconnaître autour de soi pour tenter de les comprendre, d’autres compétences
de vivre.
Cela ne va
bien sûr pas sans problèmes. Car, si, comme l’écrit Michaux, l’attention portée
à la foule des propriétés, des façons, qui de partout nous traversent, nous
délivre heureusement de « l’abcès d’être quelqu’un », il faut quand
même un peu de fermeté pour qu’une forme existe. Et nul ne prétendra voir dans le Léonard Zelig imaginé par Woody Allen - tour à tour obèse, grec, rabbin,
noir, nazi, évêque, jazzman, politicien, pilote d'avion, psychanalyste... et à
qui il suffit d'approcher une espèce, une communauté ou une simple personne
pour en épouser immédiatement les caractéristiques - la figure idéale d’une
individuation parfaitement aboutie.
Non. S’il importe, toujours pour reprendre Michaux, de ne
jamais se laisser enfermer dans son
style, toutes les formes ne nous conviennent pas. Certaines sont pour nous plus
fécondes, entraînantes, que d’autres. D’autres inversement nous seront
mortifères. Ou nous ne saurions rien en faire. En fait, nous fait mieux
comprendre Marielle Macé, les formes de vie que le monde et sa puissance
constante d’invention, de renouvellement, nous propose, ne devraient jamais nous
laisser indifférents. Elles réclament au contraire la plus grande
ouverture et la plus grande vigilance. Car, comme le dit si bien aujourd’hui
le philosophe François Jullien, elles constituent pour nous des ressources. Manière pour chacun, non d’endurcir
et d’exalter sa propre identité, mais de tester la plus ou moins grande fécondité,
comme dirait Jean-Christophe Bailly, de l’humus particulier sur lequel il fait
sa vie.
vendredi 2 septembre 2016
EXOTEN RAUS !
Musée des Beaux-arts de Tours et son cèdre du Liban |
En cette
reprise d’année scolaire il m’a semblé utile de revenir sur un ancien billet paru
à l’origine dans POEZIBAO et dont le caractère d’actualité, je pense, n’échappera
à personne.
Forêts de combat ! (Kampfwälder). Combien de fois ne
s’est-on pas heurté, jusqu’au cœur des situations les plus douces, les plus
apparemment bienveillantes à cette «dureté
imprévue» qu’évoque dans Paysages
urbains, Walter Benjamin comprenant au spectacle de fleurs «serrées en pots contre les vitres des
maisons», de certaine petite ville du nord – pensées, résédas – qu’elles
représentaient moins « un salut de la nature », «qu’un mur contre l’extérieur».
Politique, idéologie, la vieille
fantasmatique de la défiance et des exaltations imbéciles du moi et de
l’identité ravage toujours l’ensemble de notre pitoyable et souvent effrayante
économie humaine. Sait-on suffisamment par exemple que les gros concepts de
supériorité de la race aryenne et de purification ethnique exposés dans Mein Kampf furent, à l’époque nazie,
appliqués rigoureusement aussi au paysage. Destruction des espèces dîtes
dégénérées, malades. Proscription des variétés insolites. Des feuillages
bigarrés. De toute la gamme des grimpantes, des pendantes, des spiralées !
Bordures composées uniquement d’espèces indigènes droites capables de faire
obstacle au virus étranger tout en procurant au peuple le milieu nécessaire à
son bien-être physique et spirituel. Autour de 1939, le conflit qui embrase
l’Europe n’épargne pas les plantes ! Un groupe d’illustres botanistes soutenu
par les plus hautes autorités réclamera «une
guerre d’extermination» (Ausrottungskrieg)
contre… la balsamine à petites fleurs, cette intruse mongole, venue menacer « la pureté du paysage allemand» !
mercredi 29 juin 2016
C’EST L’ÉTÉ ! REGARDONS MIEUX POUSSER LES HERBES.
HARTUNG |
Est-ce le pré que nous voyons, ou bien
voyons-nous une herbe plus une herbe plus une herbe? Cette interrogation que s'adresse le
héros d'Italo Calvino, Palomar, comment ne pas voir qu'elle est une des plus
urgentes que nous devrions nous poser tous, aujourd'hui que, du fait des
emballements et des simplifications médiatiques souvent irresponsables,
risquent de fleurir les plus coupables amalgames, les plus stupides
généralisations et les fureurs collectives aveugles et débilitantes. C'est la force et la noblesse de toute l'éducation artistique et littéraire que de dresser, face à tous les processus
d'enfermement mimétique, la puissance civilisatrice d'une pensée attentive,
appliquée au réel, certes, mais demeurée profondément inquiète aussi de ses
supports d'organes, de sens et de langage.
Ce que nous appelons voir le pré, poursuit
Calvino, est-ce simplement un effet de nos sens approximatifs et grossiers; un
ensemble existe seulement en tant qu’il est formé d’éléments distincts. Ce
n’est pas la peine de les compter, le nombre importe peu; ce qui importe, c’est
de saisir en un seul coup d’œil une à une les petites plantes,
individuellement, dans leurs particularités et leurs différences. Et non
seulement de les voir: de les penser. Au lieu de penser pré, penser cette tige
avec deux feuilles de trèfle, cette feuille lancéolée un peu voûtée, ce corymbe
si mince …
samedi 11 juin 2016
SAVOIR REGARDER TOUT LE VIVANT IMMENSE: WILLIAM BARTRAM (1739-1823)
The great
Alatchua Savanah, dessin de Bartram
|
Je redonne aujourd’hui ce billet que j’ai consacré en son temps aux
Voyages de William BARTRAM. Ce dernier viendra heureusement s’adjoindre,
j’espère, à cette liste de compatriotes de l’ailleurs que nous entreprenons
d’élargir autant que faire se peut avec les Découvreurs.
Les débuts d'année
traditionnellement voués aux bilans et aux résolutions de tous ordres sont
l'occasion pour chacun d'embrasser un temps plus large coloré du regret,
certes, de ce que nous aurons, malgré tout, laissé à jamais échapper mais de
l'espérance aussi que l'espace que nous croyons ouvert à nouveau devant nous,
nous permettra, qui sait, de ressaisir un peu de ce que nous avons perdu.
C'est pourquoi nous voudrions
revenir aujourd'hui rapidement sur ce gros livre des Voyages de Bartram, que les éditions Corti, ont publié en février
2013 dans leur magnifique collection Biophilia.
Un tel livre de quelques 500 pages, présenté comme une édition naturaliste,
ponctué de nombreuses descriptions et de longues listes botaniques a de quoi
faire un peu peur. Mais n'aura
heureusement pas empêché les excellentes et nombreuses critiques qui en ont
rendu compte
et dont on pourra lire une partie ici.
jeudi 12 mai 2016
MIEUX CONNAÎTRE LE PASSÉ POUR COMPRENDRE LE PRÉSENT. RENCONTRE AVEC CLÉMENTINE VIDAL-NAQUET.
Comme le remarque justement le
grand historien Lucien Febvre que Clémentine Vidal-Naquet cite en exergue de
son livre sur les correspondances de guerre, « prétendre reconstituer la vie affective d’une époque donnée, c’est une
tâche à la fois extrêmement séduisante et affreusement difficile » que
l’historien toutefois « n’a pas le
droit de déserter ».
Mais pourquoi ? Pourquoi
toujours aujourd’hui, cet échange de millions et de millions de lettres - on parle de plus d'un million par jour - par lequel les couples que formaient nos arrières grands-parents ont répondu à leur séparation massive, peut-il intéresser des jeunes gens qui dépendent de technologies tellement
différentes pour communiquer un quotidien qui n'a apparemment rien à voir avec celui vécu, il y a tout juste un siècle, par
leurs lointains ancêtres.
C’est à cette question que la
jeune et talentueuse historienne Clémentine Vidal-Naquet est venue répondre, à
l’invitation de la Médiathèque de Calais, face à une vingtaine d’étudiants de
BTS du lycée Berthelot. Je ne reviendrai pas sur le contenu de la première
partie de son intervention que le lecteur pourra s’il le désire retrouver dans
la vidéo que nous avons mise en ligne. C. Vidal-Naquet y explique la façon,
fort inattendue, dont elle a pris possession de son sujet, la méthode
particulière qu’elle a suivie – toutes choses passionnantes pour comprendre un
peu la façon dont les choses se font ou pas dans notre esprit. Elle insiste
également sur la façon dont en dépit des différences sociales et des
singularités individuelles ces innombrables correspondances brassent à peu près
toutes, en fait, les mêmes lieux communs, tournant inlassablement autour des
grands thèmes de l’organisation de la vie matérielle, de la santé, de la
famille et aussi de l’amour. Pour ce qui est de ce dernier elle explique en
quoi la menace constante de la guerre, liée à l’éloignement des conjoints a peu
à peu libéré chez certains une parole au départ entravée par toutes sortes de
conventions...
dimanche 8 mai 2016
ENCORE UNE BABEL PARFAITEMENT RÉUSSIE, AU CHANNEL, AVEC LES ÉLÈVES DU LYCÉE BERTHELOT DE CALAIS !
BABEL BERTHELOT AVEC RYOKO SEKIGUCHI |
Si bien entendu certains se sont montrés
encore intimidés par le fait de venir ainsi se présenter sur scène, beaucoup,
en revanche ont manifesté de belles qualités comme en aura tout
particulièrement témoigné, je pense, aux yeux de tous, la remarquable mise en musique et en voix du célèbre texte de Baudelaire Anywhere out of the world, totalement élaborée par un groupe
d’élèves de l’option musique.
De telles manifestations dont on
aimerait qu’elles soient plus largement répandues dans tous les établissements
de France sont de celles qui nous paraissent les plus à même de redonner
vraiment le goût de la poésie à cette jeunesse qui place – c’est son âge - l’émotion et le partage loin devant les
nécessités de l’analyse et du commentaire. Ce qui ne l’empêche pas de réussir
dans ses études. Les excellents résultats des élèves du lycée Berthelot de
Calais qui mène depuis longtemps une politique d’ouverture culturelle et de rencontres parmi les plus dynamiques à coup sûr de l’Académie en sont la
preuve.
mercredi 4 mai 2016
POUR BABEL ! DU PAIN DES LANGUES ET DES OISEAUX. PARTAGER NOS DIFFÉRENCES !
FRANZ SNYDERS CONCERT D'OISEAUX vers 1635 |
Ce
texte est dédié aux élèves du lycée Henri Wallon de Valenciennes que j’ai pu
rencontrer à l’occasion de la mise en place de leur première Babel Heureuse !
Babel.
Babylone. Babil. Il existerait dans le monde 9000 espèces d’oiseaux. Sans doute aussi, nous
dit-on, un nombre presque aussi important de langues. On sait ce qui attend l’ensemble des
espèces animales
du fait de ce que les scientifiques n’hésitent plus aujourd’hui à appeler la sixième extinction massive. En revanche sait-on
que notre siècle risque également de voir à jamais disparaître des milliers de ces systèmes intelligents et chaque fois singuliers d’invention
de la réalité qu’utilisent les hommes pour produire et communiquer leur pensée
tout en marquant leur appartenance à une communauté déterminée.
Si
chacun parlait la même langue tout irait-il vraiment mieux dans le monde ?
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